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Drôles de Romands

Drôles de Romands - les Fribourgeois. Qui aime bien…

L’humoriste fribourgeois Marc Boivin brocarde sans ménagement ses compatriotes et n’oublie personne


4 août 2023 à 15:57

Portraits identitaires (5/5) » Cette semaine, La Liberté tend la plume à un comédien qui décrit, sur une note humoristique, ses compatriotes sans oublier de dire un petit mot sur les Romands d’autres cantons.

Comme tout humoriste du coin, je suis, et c’est probablement là un phénomène lié à l’acculturation, volontiers vache. A la radio ou dans mes livres, j’ai souvent brocardé le Fribourgeois. Et la Fribourgeoise. J’ai le souci de n’oublier personne.

Attention, je ne ris pas du Fribourgeois parce que j’en suis moi-même un et que je pourrais me prévaloir d’une exception culturelle à l’autodérision. Comme Woody Allen est en droit de se gausser des Juifs à lunettes et Dieudonné des nazis en boubou. Non. Car je ne suis pas un authentique Dzodzet. Je suis né à Bâle et ne suis arrivé en ville de Fribourg que sur le tard, à l’âge de 11 mois. C’était en avril 1973, à une époque où le mot «modernité» ne figurait pas encore dans le dictionnaire franco-bolze. Il vient d’y faire son entrée, sous la forme d’un renvoi au mot «funiculaire». Cette prime enfance et le traumatisme immigratoire expliquent mon tendrement cruel penchant à moquer le Fribourgeois.

 

 

Le fait est que j’ai commis à son encontre des plaisanteries grotesques («Le bredzon est le seul habit traditionnel dont l’odeur est inscrite au patrimoine immatériel de l’humanité») ou carrément balourdes («Au mariage à l’alpage, l’armailli passe la bague au sabot de son épouse qui vient de dire oui en battant de la queue»), quand elles ne discréditaient pas toute une catégorie socioprofessionnelle («Le drapeau fribourgeois a été peint par un fonctionnaire qui bossait à mi-temps»).

Elles seraient certainement susceptibles de faire bondir les néopenseurs du premier degré, fâchés avec l’ironie qui «remet sans cesse en question les prémisses soi-disant sacro-saintes» (Jankélévitch). Je poursuivrai néanmoins sur cette voie du péremptoire et de l’aphorisme chère aux vieux moralistes pour esquisser, sous la forme d’une liste, un portrait sociologique du Fribourgeois.

Propre au Fribourgeois:

– Le Fribourgeois est un croyant qui vit à la grâce du déo.

– Le Fribourgeois est modeste, surtout quand il a des ambitions.

– Le Fribourgeois apprend à ses enfants à manger et à penser comme ses grands-parents.

– Le Fribourgeois est doué pour le hockey quand il n’évolue pas dans une équipe locale.

– Le Fribourgeois est doué pour le business quand il évolue dans une entreprise locale.

– Le Fribourgeois est bilingue et, à ce titre, s’exprime à moitié bien en français et à moitié bien en allemand.

– Pour protéger sa population indigène du développement, le Fribourgeois a créé des réserves naturelles qu’il appelle districts.

– Le Fribourgeois progressiste chante Le Ranz des vaches dans les églises et boit du vin de messe dans les bistrots.

– Le Fribourgeois daltonien pense qu’il est de Soleure.

– Le Fribourgeois originaire de Cuba prend feu lorsqu’il s’allume un bricelet.

– Le Fribourgeois originaire d’Egypte rêve d’être enterré à l’intérieur du Moléson.

 

Une collection de préjugés blessants

Nous venons de lire l’article publié ce jour dans votre journal (cf. «Qui aime bien…») et tout particulièrement sa liste à l’intitulé problématique concernant un peuple génétiquement intolérant aux enzymes. L’auteur – disons plutôt un pitre – y collectionne les préjugés blessants. Non, le Fribourgeois n’est pas le conservateur arriéré décrit! Il est accueillant et ouvert d’esprit. Il place même officiellement le Noir au-dessus du Blanc. Et il a été le premier à introduire un quota de castrats sur ses alpages. Il est par ailleurs à la pointe de la technologie en programmant son bétail pour que celui-ci produise et épande lui-même l’engrais. Ce à quoi aucun abruti de l’EPFL n’aurait jamais pensé.

Le Fribourgeois est un entrepreneur dynamique et courageux. Il fait un vin dans le Vully et il le consomme. Enfin, et même s’il demeure fidèle et reconnaissant envers son Créateur qu’il fête chaque année au début du mois de juin pour redonner joie de vivre à ses aînés, le Fribourgeois vit aussi dans le respect des lois humaines. Il ne dépasse jamais les 50 km/h au volant. Sans quoi son tracteur explose. Toutes ces qualités aisément mesurables sur l’échelle de l’évolution ont été sciemment tues par un cuistre qui mériterait d’aller tester ses pauvres blagues devant un public de lutteurs singinois.

Ligue Intercantonale des Oppressés Bolzes et Armaillis (L.I.O.B.A.)

 

La revue des autres cantons

Les Jurassiens » Ils sont si pauvres qu’ils pensent qu’un billet de 10 francs vaut 20 francs.

Les Valaisans » Des députés ont déposé une motion interdisant la ceinture de sécurité, bien trop difficile à attacher quand on est ivre.

Les Neuchâtelois » Après avoir éternué dans son lit, un Neuchâtelois a déposé plainte contre lui-même pour tapage nocturne.

Les Jurassiens bernois » Ils ont l’interdiction de rire, sous peine d’être immédiatement rattachés au Jura.

 

Bio express: Marc Boivin

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