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Drôles de Romands

Drôles de Romands. à Neuchâtel, le lac et les montagnes

Pour Christophe Bugnon, être Neuchâtelois, du haut ou du bas, c’est toujours faire face à un dilemme


3 août 2023 à 18:05

Portraits identitaires (4/5) » Cette semaine, La Liberté tend la plume à un comédien qui décrit, sur une note humoristique, ses compatriotes sans oublier de dire un petit mot sur les Romands d’autres cantons.

Si certains cantons sont issus d’une volonté populaire, géologique, monarchique ou divine (certains aiment le croire), j’ai toujours l’impression que le canton de Neuchâtel est né par hasard. Un regroupement de régions et peuplades contiguës qu’il fallait bien mettre ensemble car c’était plus simple ainsi. Contrées que les autres cantons ne se sont pas battus pour posséder.

Je ne sais pas si c’est la vérité historique (et je m’en tape un peu), mais concrètement, c’est l’effet puzzle que ce canton me donne. D’anciens districts, aujourd’hui regroupés politiquement, mais pas encore tout à fait unis sociologiquement. Un autre auteur aurait pu dire «mais qu’allaient-ils donc faire dans ce canton?» On se le demande.

Grand écart mental

Le Neuchâtelois n’existe pas. Et c’est bien là le grand malheur de notre canton. Mais c’est aussi sa grande force. Le Neuchâtelois et la Neuchâteloise ne sont pas un, mais multiples. Divers, variés et bigarrés. Ça complique bien un peu l’organisation de la vie commune, mais ça la pimente passablement aussi.

 

 

Le Neuchâtelois, tout comme la Neuchâteloise (la femme donc, pas la pendule), a les pieds dans le lac et la tête dans les montagnes. Les racines dans le brouillard et les branches sous la neige. J’arrête là les images. Citoyens et citoyennes du canton font un grand écart entre la mentalité bourgeo-royaliste du bas et anarcho-communiste du haut.

Le Neuchâtelois a les pieds dans le lac et la tête dans les montagnes

Je fais évidemment un raccourci, un genre de TransRun (projet de liaison rapide entre les deux villes, avorté, puis reporté) de la psychologie cantonale. Il y a aussi des tièdes: les régions intermédiaires. Les vals de Travers et de Ruz, tentant d’atténuer les différences des deux centres urbains, qui avec leur bon sens paysan quand c’est possible (et que ça ne coûte rien), qui avec de l’absinthe quand cela se révèle nécessaire. C’est-à-dire souvent.

La population neuchâteloise est donc souple. L’âge venant, tout de même 175 ans bien tapés cette année, la République et Canton, à trop s’écarteler, risque de plus en plus le claquage. Nos autorités veillent donc à maintenir la cohésion. Parfois en inventant des plans fumeux du genre «un seul espace», tantôt en se mettant tout le monde à dos, ce qui marche toujours pour fédérer les mécontents.

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