Logo

Livres

Un livre sur la richesse de la poésie médiévale et de son inventivité langagière est publié

Le Don des lettres montre la richesse des jeux de mots des abécédaires médiévaux. Interview d’une des auteurs, la professeure Marion Uhlig.

La Cabinerie, à Fribourg, expose les lettrines enluminées tirées de l'ouvrage. © Jean-Baptiste Morel

15 décembre 2023 à 14:00

Temps de lecture : 1 min

Ouvrage » Des jeux de mots, des plaisanteries sur leurs sons, des réflexions sur l’alphabet: Le Don des lettres montre que la poésie médiévale était sacrément fun. L’ouvrage s’intéresse aux abécédaires poétiques et autres poésies lettristes produits entre le XIIe et le XVe siècles. Publiée aux Belles Lettres, cette dense analyse est signée par Marion Uhlig, professeure de langue et littérature française du Moyen Age à l’Université de Fribourg, et par Thibaut Radomme, maître de conférences en littérature médiévale à l’Université Jean-Monnet-Saint-Etienne, en collaboration avec Brigitte Roux, docteure en histoire de l’art médiéval. Ses magnifiques illustrations sont actuellement exposées à La Cabinerie (lire ci-dessous).

Le plus étonnant dans votre ouvrage est la richesse des jeux de mots médiévaux. La langue était-elle plus libre qu’aujourd’hui?

Marion Uhlig: Cette richesse a aussi été une grande surprise pour nous. Nous savions déjà qu’au XVe siècle il y avait une vogue de poètes, les Grands Rhétoriqueurs, très connus pour être l’Oulipo médiéval (des expérimentateurs du langage du XXe siècle comme Georges Perec et Raymond Queneau, ndlr). Ce qui m’intéressait était de voir si les jeux de mots et de lettres existaient auparavant, lorsque aux XIIe et XIIIe siècles les poètes ont massivement abandonné le latin pour cette langue vernaculaire. Nous nous sommes aperçus que le français était alors déjà extrêmement abouti et recherché sur le plan des jeux de lettres. Les auteurs mettaient à contribution toutes les ressources de la langue, qu’ils maîtrisaient parfaitement. La syntaxe française comportait autant de règles qu’aujourd’hui mais davantage de possibilités graphiques se présentaient puisqu’il n’y avait pas d’orthographe. Ils exploitaient cette liberté afin que les mots se ressemblent et qu’ils riment.

La démarche de ces poètes semble très moderne…

Oui. Par exemple, une pièce de théâtre médiévale liste une centaine de verbes commençant par «r» pour décrire les tourments qui seront infligés à des chrétiens qui seront «rôtis, ratiboisés, resalés, regrillés… »

Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus