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Pascal Janovjak plonge dans «l’escroquerie du siècle», celle du pétrolier «Salem»

Naviguant avec élégance sur les frontières liquides entre réel et fiction, l’écrivain franco-suisse Pascal Janovjak nous rend attachante l’escroquerie du Salem, ce pétrolier rempli de brut imaginaire.

Gigantesque pétrolier, le Salem a sombré au large des côtes sénégalaises en 1980, sans provoquer de marée noire. Mais où est passée sa cargaison de brut? © Mathyas Kurmann

5 janvier 2024 à 17:10

Littérature » Un naufrage qui n’a pas fait tache d’huile, sinon dans les annales de la filouterie moderne. Il a sombré, pourtant, le Salem, mais des 200'000 tonnes de brut que devaient contenir les soutes de ce gigantesque pétrolier libérien faisant route vers l’Europe, nul n’a vu la poisseuse couleur remonter à la surface. Aucune marée noire, une évaporation à 50 millions de dollars. Et un épais mystère, distillé dans la presse de l’époque qui n’hésitera pas à ériger ce sabordage en «escroquerie du siècle».

C’est une fable, un conte presque, représentatif d’une époque, ces années 1980 marquées par l’essor du capitalisme mondialisé, «où l’espoir d’un profit suffit à repousser les limites du réel». Et pour le raconter sans égarer son lecteur dans les arcanes du commerce pétrolier où affréteurs, armateurs, tradeurs et assureurs sillonnent des océans d’abstractions chiffrées entre Zoug, Londres, Lausanne et Athènes, il fallait bien tout le raffinement narratif de Pascal Janovjak.

Trajectoires

Dans Le Zoo de Rome déjà, cet auteur bâlois, de mère française, de père slovaque, d’adoption romande et de domicile romain, osait l’entrelacs du récit introspectif, de l’enquête historique et de l’invention fictionnelle. Une convaincante originalité qui en 2020 lui valait de remporter à la fois les faveurs populaires du Prix du public RTS et celles plus institutionnelles du Prix Michel-Dentan et du Prix suisse de littérature. Hétérogénéité que permet le roman et que l’on retrouve, plus séduisante encore, dans ce nouveau livre sorti mercredi, Le voyage du Salem. Car là où le mélancolique Zoo pouvait dérouter par l’improbable, sinon l’incongru parfois, de sa trame psychologique, cette nouvelle navigation sur les frontières liquides qui séparent réel et fiction ne fait jamais fausse route.

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