Photographie. Luc Debraine, parti chasser les horloges figées

Mémoire » En partant, on lui confesse que, depuis longtemps, on porte une montre arrêtée. Il nous dit: cela ferait un bon début d’article, non?, alors on fait confiance à sa grande expérience en journalisme, cet art de raconter à temps.

Lui, qui se dit ponctuel, porte au poignet une watch modernement lisse et connectée; comme si, après vingt ans à recenser les horloges figées, il lui fallait embrasser enfin l’allant de son époque. Nostalgie? Aucune chez Luc Debraine, qui ne chasse pas les cadrans muets pour retrouver un paradis perdu ou nier la finitude, mais bien pour saisir dans le mouvement du présent la trace immobile de ce qui fut.

Ils ne gardent ainsi que la mémoire, ses Garde-Temps inanimés auxquels il consacre un ouvrage vertigineux préfacé par Etienne Klein. En récits et en images soigneusement cadrés, le journaliste et photographe raconte ce suspens, quand la trotteuse lève le pied et que l’Histoire, de sa grande hache, tranche le fil du temps en un avant et un après. Buchenwald, 15h15. Hiroshima, 8h15. New York, 9h04.