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Livres

La discothèque idéale selon Eddy Mitchell

Le rocker de Belleville dévoile les disques des artistes qui l’ont inspiré et le font vibrer dans un beau livre à la riche iconographie, écrit avec la complicité d’Alain Artaud-Macari et Marc Maret.

Eddy Mitchell, ici dans un magasin de vinyles en 1989, est un collectionneur de disques invétéré. Il partage aujourd'hui sa discothèque rêvée. © Keystone

23 décembre 2023 à 19:35

Une invitation à fouiller dans la discothèque de Monsieur Eddy? Même si on se doute qu’on ne va pas y dégoter des perles du rock psychédélique, de l’électro du stoner ou les derniers albums branchés, ça ne se refuse pas. Bougon, goguenard, le rocker feint un instant de se demander si ce genre de démarche est susceptible d’intéresser quelqu’un au XXIe siècle. Va-t-il renoncer et choisir de fumer un cigare en regardant pour la millième fois Rio Bravo sur son home cinéma? Non, un cliché panoramique nous entraîne au milieu de son salon privé, un temple dédié à la bande dessinée, au cinéma vintage et à la musique.

Et c’est sous l’affiche de La Vallée de la vengeance, western réalisé en 1951 par Richard Thorpe avec Burt Lancaster dans le rôle du héros, qu’Eddy Mitchell (Claude Moine à la ville: information uniquement réservée aux voyageurs en provenance de Jupiter) accueille le visiteur à bras ouverts. Ainsi démarre Ma Discothèque idéale, un beau bouquin, à l’iconographie abondante et soignée, concocté par Alain Artaud-Macari et Marc Maret.

L’écharpe d’Aznavour

Ces deux baroudeurs connus pour avoir sévi dans divers labels (Virgin, EMI, V2, Polydor, Source) ou médias (FIP, Radio France, Rolling Stone) sont depuis longtemps passés maîtres dans l’art délicat d’amadouer le vieil ours. Organisé, Eddy a rédigé sa playlist par ordre alphabétique, laquelle, comme on le découvre en parcourant le présent ouvrage, n’a que très peu bougé depuis la fin des années 1960!

Le parcours démarre avec Charles Aznavour, l’un des rares chanteurs français (avec Gilbert Bécaud et Henri Salvador) dont la voix et les textes ne donnent pas envie au cow-boy de Belleville de sortir son révolver. Quid de Johnny? Manifestement, lorsqu’il raconte les musiques de son cœur, l’ex-Chaussettes Noires n’a pas le temps pour l’amitié et les envolées consensuelles… Aznavour donc, comme les autres artistes qui vont suivre, a droit à un bel essai biographique (et discographique) de la part des deux instigateurs du projet avant que Mitch ne daigne intervenir. Pour ce premier portrait, une fois son admiration confessée, il partage le souvenir d’un repas avec «Monsieur Charles» et Pierre Richard. Ce dernier, confirmant sa réputation de distrait, ne tarde pas à laisser tomber sa serviette. Croyant l’avoir récupérée sous la table, il se retrouve bien sûr à s’essuyer la bouche avec l’écharpe d’Aznavour.

Des vinyles qui craquent à force d’avoir tourné

Les vinyles craquent

Ce joyeux préambule passé, Eddy Mitchell exhibe fièrement ses vinyles qui craquent à force d’avoir tourné sur sa platine. On trouve là, entre autres, quelques-unes des voix féminines les plus marquantes du XXe siècle (Etta James, Aretha Franklin, Julie London, Joni Mitchell, Bonnie Raitt, Timi Yuro), des jazzmen (Chet Baker, Count Basie, Duke Ellington), des crooners (Frank Sinatra, Nat King Cole), des icônes soul (James Brown, Ray Charles, Marvin Gaye, Otis Redding, Neville Brothers, Sam Cooke, Stevie Wonder), des légendes sudistes plus ou moins country (Han Williams, Willie Nelson, Charlie Rich, Joe Tex), une idole de Hollywood (Robert Mitchum), un complice fidèle récemment disparu (Pierre Papadiamandis, compositeur de merveilles telles que Couleur menthe à l’eau, La Dernière séance) et bien entendu un bataillon de rockers de l’âge d’or. L’auteur de La Voix d’Elvis sait tout ce qu’il doit à ces pionniers et n’est pas avare en mots lorsque vient le temps de saluer Bill Haley, Buddy Holly, Little Richard, Roy Orbison, le King Presley…

On sent néanmoins que «Petit Claude» a un faible pour les plus sulfureux d’entre eux. Jerry Lewis, dont il évoque une conférence de presse où le «Killer» demandait à ses gardes du corps lourdement armés de virer les journalistes ennuyeux avant de monter dans sa chambre pour vider son chargeur sur un piano de marque. Enfin, il y a Gene Vincent, le modèle absolu qu’il croisa sur la route en 1963: «Il était gentil quand il était à jeun. Bon, à jeun, il l’était rarement…» Une fois encore, tout Eddy.

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