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Retour sur le succès des Indiana Jones

Alors que le cinquième film de la saga, Indiana Jones et le cadran de la destinée, sort la semaine prochaine, examinons comment cet archéologue est devenu un phénomène culturel mondial

On sait tous ce qui se passe ensuite…

23 juin 2023 à 17:12

Cinéma » La série de films narrant les aventures de l’archéologue Indiana Jones a peut-être du mal à revendiquer une quelconque authenticité historique, il n’empêche qu’elle a indubitablement imprimé sa propre mythologie dans la pop culture. Depuis plus de 40 ans, le Dr. Henry Walton Jones Jr. – personnage créé par George Lucas et Steven Spielberg et toujours interprété par l’inamovible Harrison Ford – incarne l’aventure et le mystère au cinéma mais aussi à la télévision, dans les livres, les bandes dessinées, les jeux vidéo (lire ci-contre), au rayon jouets ou encore dans des parcs d’attraction.

Après Les Aventuriers de l’arche perdue (1981), Indiana Jones et le temple maudit (1984), Indiana Jones et la dernière croisade (1989) et le critiqué Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal (2008), Steven Spielberg passe la main à James Mangold pour le cinquième long-métrage, Indiana Jones et le cadran de la destinée, qui s’apprête à devenir le blockbuster de l’été (sur les écrans romands dès la semaine prochaine). Il est donc grand temps d’enfiler une vieille veste en cuir et de se coiffer d’un fédora pour explorer les arcanes d’un phénomène cinématographique qui a marqué le Zeitgeist d’un claquement de fouet.

Son nom est Jones

Si Indiana Jones est une figure incontournable des années 1980, sa naissance remonte à la décennie précédente. En 1973, un certain George Lucas, qui n’a pas encore cartonné avec Star Wars, imagine les aventures d’un archéologue chasseur d’artefacts rares et précieux nommé Indiana Smith. Pourquoi «Indiana»? Le scénariste lui donne tout simplement le nom de son malamute d’Alaska qu’il aime tant… C’est seulement en 1977, sur l’île d’Hawaii, alors que Lucas y séjourne pour décompresser après le succès planétaire de sa Guerre des étoiles et que le cinéaste Steven Spielberg le rejoint pour les vacances, que ce dernier lui trouve le patronyme de Jones. Objectif des deux lascars: créer une série de films à la James Bond, mais sans les gadgets. Ce n’est donc pas forcément un hasard si Sean Connery sera choisi pour interpréter le père d’Indy dans le troisième film, Indiana Jones et la dernière croisade. Ils signeront avec Paramount Pictures un contrat de cinq films.

Récit sous influences 

Si Indiana Jones en est devenu l’archétype, d’autres aventuriers intrépides coiffés d’un chapeau existaient bien avant lui. Ils ont évidemment servi d’inspiration pour George Lucas et Steven Spielberg, qui ont dévoré leurs récits étant enfants. Principale influence d’Indy: le chasseur et aventurier Allan Quatermain, héros d’une série de livres dont le plus célèbre est Les Mines du roi Salomon de Sir H. Rider Haggard (1885). Ironie du sort, le succès cinématographique d’Indiana Jones permettra la production d’un film basé sur ce livre en 1986, avec Richard Chamberlain et Sharon Stone. Autre influence évidente, celle de Doc Savage, héros à la mâchoire carrée de magazines pulp – l’équivalent américain de nos romans de gare. Steven Spielberg n’a également jamais caché son admiration pour le Professeur Challenger, créé par Arthur Conan Doyle dans son roman Le Monde perdu (1912). Un livre qui va bien évidemment hanter le cinéaste américain encore bien des années, jusqu’à son film Jurassic Park, en 1993.

Films à succès

Alors que les studios Paramount étaient sceptiques quant au succès du premier opus, Les Aventuriers de l’arche perdue est devenu le film le plus rentable de l’année 1981 dans le monde avec des gains de 354 millions de dollars de l’époque (soit près de 1,2 milliard d’aujourd’hui). Ce premier long-métrage est même le quatrième plus grand succès cinématographique de tous les temps. Autant dire qu’une suite a rapidement été mise sur les rails.

C’est en 1984 que sort Indiana Jones et le temple maudit, un préquel qui sera lui aussi financièrement très juteux malgré une compétition de taille la même année avec Le Flic de Beverly Hills et SOS Fantômes. Ce deuxième film de la franchise est notoirement plus sombre, flirtant avec le film d’horreur, et reflète l’état d’esprit de George Lucas, toujours au scénario, après un divorce difficile.

En 1989, Indiana Jones et la dernière croisade était censé mettre un point final à cette aventure de cinéma avec un blockbuster d’aventure en forme de tour d’honneur.

Point final? Pas exactement. Dans les années 2000, l’idée de faire revenir le Dr. Jones passe entre les mains de plusieurs scénaristes tels que M. Night Shyamalan et tombe finalement dans celles de David Koepp, un poids lourd de la discipline (Spider-Man, Mission: Impossible, Jurassic Park).

Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal sort finalement en 2008: un opus paresseux et plombé par des effets spéciaux hideux mais qui rapportera tout de même beaucoup d’argent.

Archéologues superstars

Des fantaisies hollywoodiennes à la science la plus cartésienne, il n’y a qu’un pas qu’enjambe Indiana Jones aussi sûrement qu’il traverse un pont suspendu. En 2015, une exposition du National Geographic Museum de Washington part sur les traces des véritables objets historiques qui ont inspiré les films d’Indiana Jones. A cette occasion, le curateur Fred Hiebert, un archéologue de renommée mondiale, relevait que la saga avait contribué «à élargir le champ de l’archéologie et à démocratiser la discipline auprès du grand public». L’impact des Aventuriers de l’arche perdue a même pu être quantifié.

«Je ne crois pas qu’un archéologue ait déjà dû déjouer des pièges mortels avant de découvrir un objet»
Fred Hiebert

Dans les années 1980, le nombre d’étudiants en archéologie a fait un bond inexpliqué aux Etats-Unis. Et Fred Hiebert d’ajouter ironiquement qu’Hollywood a encore du travail à faire pour «rendre attentif le public aux méandres administratifs et au système de levée de fonds nécessaires pour entreprendre des fouilles». L’archéologue tord également le cou à l’un des clichés véhiculés par les films d’aventures: «A ce jour je ne crois pas qu’un archéologue ait déjà dû déjouer des pièges mortels avant de découvrir un objet ancien dans une tombe.»

La méthode Reagan

Véritable incarnation de l’héroïsme dans les années 1980, Indiana Jones a même été un très sérieux sujet d’étude. Dans un article publié en 1995 par l’Association d’études américaines d’Australie et de Nouvelle-Zélande, Katherine Biber examine comment le personnage d’Indiana Jones «représente les sentiments politiques et culturels des années Reagan». Selon l’auteure, les idées politiques du président américain Ronald Reagan (en poste à la Maison-Blanche de 1981 à 1989) ont infusé dans la culture populaire à travers le cinéma. Au même titre qu’un Rambo, Indiana Jones favoriserait «un environnement moral dans lequel la nostalgie conservatrice d’une image masculine stable s’unit au capitalisme de consommation». Selon l’historienne, Ronald Reagan est le premier à avoir compris que pour être populaire et profitable, une idéologie doit adhérer aux codes attendus par le public. «L’Amérique des années 1980 était un endroit où des solutions simplistes étaient apportées à des problématiques multifactorielles. Comme chez Indiana Jones.»

Le Dr. Jones et les jeux vidéo

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