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Les frères Ouzilou. «on n’est pas jumeaux pour rien!»

Hugo Ouzilou, finaliste heureux puis malheureux, et son frère Sacha courent après le temps perdu

Grand Prix de la Gruyère Les frères Ouzilou Photo Lib/Alain Wicht, Bulle le 30.07.2022Alain Wicht/Alain Wicht/La Liberté

2 août 2022 à 00:24

Grand Prix de la Gruyère » Des frères s’éclipsent avant même d’avoir pointé le bout de leur nez, d’autres prennent durablement possession des vestiaires. Privé de ses têtes d’affiche qu’étaient Henry et Jeffrey von der Schulenburg, lesquels ont préféré s’aligner au plus lucratif tournoi de Bâle, le Grand Prix de la Gruyère aurait pu perdre la foi en les vertus de la famille s’il n’avait pas récupéré, plus que des frangins, des jumeaux. Des vrais. Des monozygotes de 2003 qui, sans un grain de beauté sur le nez de l’un, seraient à peine reconnaissables, et qui partagent tout, absolument tout pardi! Jusqu’à cette langue bien pendue riche de nombreuses anecdotes et autres traits d’humour.

Hugo Ouzilou (N4 79) est né 13 minutes avant Sacha Ouzilou (N4 89), «les deux par voie normale, bravo maman!», mais ne se considère pas comme l’aîné pour autant. Encore moins comme le plus fort. Ces dix derniers jours à Bulle, il l’a pourtant été. Vainqueur mardi passé du tableau N3/R3 aux dépens du No 2 fribourgeois Bastien Kolly (N4 100), Hugo Ouzilou a aussi atteint la finale d’un tableau principal (N1/R1) il est vrai peu relevé, samedi.

«L’objectif reste le même: percer dans le tennis»
Hugo Ouzilou

Battu par le Bernois Adrien Burdet (N3 47) en trois sets (6-7 6-2 6-1), le jeune homme de 19 ans a manqué de fraîcheur, lui qui avait longuement bataillé le matin même, en demi-finales, pendant que son adversaire ne lâchait que deux jeux. Mais la fatigue ne saurait être une excuse, jamais, et c’est avec la promesse d’être N3 lors de la publication des prochains classements suisses que le forçat des courts a retrouvé Villeneuve, sur les bords du Léman, où il habite. Sacha aussi, évidemment.

Des cobayes

«Jusqu’à l’âge de 17 ans, nous partagions la même chambre. Ce n’est que récemment que nous avons pris notre indépendance», rigolent-ils, alors même qu’ils restent inséparables. «Niveau caractère et niveau goûts, nous sommes les mêmes. Pour les filles aussi. Nous sommes tellement fusionnels que nous faisons de la musique ensemble: Hugo à la guitare, moi à la batterie.»

«Niveau caractère et niveau goûts, nous sommes les mêmes. Pour les filles aussi»
Hugo et Sacha Ouzilou

Sacha, qui pour la petite histoire a aussi été le bourreau de Bastien Kolly, mais au 2e tour du tableau N1/R1, et Hugo Ouzilou: unis pour le meilleur et pour le pire. Le meilleur? Le tennis, que les deux Vaudois pratiquent quotidiennement à la (Jonathan) Wawrinka Academy de Lausanne, dont ils furent les «cobayes», comme ils disent. Là, à la Pontaise, sous la houlette du grand frère de Stan et du Valaisan Luca Schena, ils étudient par correspondance mais s’emploient surtout à rattraper le temps perdu. Hugo de manière «tonique, à la Nadal (sic!)», Sacha dans un style plus relâché, «à la Federer».

Morbus Panner

«Il faut savoir qu’entre 9 et 13 ans, explique Sacha, nous comptions parmi les meilleurs de notre âge en Suisse. Je me souviens de déplacements en Tchéquie et en Autriche avec Dominic Stricker et Leandro Riedi.» Arrive le pire. Sous la forme d’une pathologie appelée Morbus Panner, qui pourrait être le méchant d’un film Marvel et qui a obligé les jumeaux à raccrocher la raquette «entre 13 ans et demi et 16 ans et demi».

«C’est une maladie de croissance qui, heureusement pour nous, s’en va à la puberté», souligne Hugo. «Les deux, nous avons souffert d’inflammations aux deux coudes. Nous ne sommes pas jumeaux pour rien!» soupire pour sa part Sacha qui, au contraire de son alter ego, n’a pas échappé à l’opération. Et d’ajouter, sans rancune: «Nous avons perdu le train de Swiss Tennis de vue mais, plus qu’avant encore, nous sommes présents l’un pour l’autre.»

Dominic Stricker et Leandro Riedi ont pris plus d’une longueur d’avance, mais Sacha et Hugo Ouzilou, un nom de famille d’origine basque, s’accrochent à leur intime conviction. «Je me dis que si nous étions bons étant enfants, il n’y a aucune raison pour que nous ne le soyons plus aujourd’hui», observe le premier nommé. Même optimisme dans les paroles du second: «L’objectif reste le même: percer dans le tennis.»

L’exemple des Bryan

S’ils y parvenaient, les académiciens lausannois marcheraient sur les traces des spécialistes de double américains Bob et Mike Bryan, qui restent les jumeaux les plus célèbres à avoir évolué sur le circuit professionnel. «Nous ne les avons jamais rencontrés mais, il y a longtemps, quand nous étions petits, nous avions disputé un tournoi à Leysin où nous avons fait la connaissance de leur manager. Nous avions en quelque sorte sympathisé et, plus tard, avons reçu par la poste des cartes et un poster dédicacés par les Bryan. C’était sympa.»

Une anecdote, encore une. Nul ne sait si Hugo et Sacha Ouzilou arriveront à leurs fins, mais une chose est sûre: ils gagnent à être connus.

Les résultats

Messieurs N1/R1. Quarts de finale: Tanguy Genier (Mail, N3 42) bat Björn Schilter (Seeblick, N4 75) wo. Hugo Ouzilou (Lausanne-Sports, N4 79) bat Alan Postay (CT Neuchâtel, N3 51) 0-6 6-4 6-3. Adrien Burdet (Kratochvil Academy, N3 47) bat Sacha Ouzilou (Lausanne-Sports, N4 89) 6-7 6-3 6-1. Arthur Laborde (CT Neuchâtel, N4 112) bat Vincent Schatzmann (Nyon, N4 141) 6-3 6-1. Demi-finales: H. Ouzilou bat Genier 1-6 7-5 3-0 wo. Burdet bat Laborde 6-0 6-2. Finale: Burdet bat H. Ouzilou 6-7 6-2 6-1.

Dames N3/R4. Demi-finales: Maria Hlahola (Dufour/UKR, N4 61) bat Anaïs Gabriel (Drizia-Miremont, N3 37) 5-7 6-3 7-6. Lara Russiniello (Bulle, N4 51) bat Giada Ciampa (Lugano, R1) 6-2 6-2. Finale: Hlaohla bat Russiniello 6-4 6-3.


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L’Ukrainienne a enlevé le tableau principal féminin en s’imposant contre la Bulloise Lara Russiniello en finale.

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