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Tennis. Carlos Alcaraz a appris des meilleurs

Le dernier vainqueur de Wimbledon ne cesse de marquer les esprits. Est-il la quintessence du «Big Three», de Federer, Nadal et Djokovic?

Spain's Carlos Alcaraz celebrates with the trophy after beating Serbia's Novak Djokovic to win the final of the men's singles on day fourteen of the Wimbledon tennis championships in London, Sunday, July 16, 2023. (AP Photo/Kirsty Wigglesworth)Kirsty Wigglesworth/Copyright 2023 The Associated Press. All rights reserved

18 juillet 2023 à 04:01

Temps de lecture : 1 min

Tennis » Avant même de découvrir qui Carlos Alcaraz était vraiment, le commun des mortels s’est arrêté sur ce qu’il représentait: un fantasme, la quintessence même des trois plus grands joueurs de tous les temps. Dans la panoplie résolument offensive de Roger Federer, l’Espagnol de 20 ans, vainqueur dimanche à Wimbledon de son deuxième tournoi du grand chelem, aurait puisé la créativité: cette volonté farouche mais intelligente de toujours faire quelque chose avec la balle. De son compatriote Rafael Nadal, il aurait hérité la force et l’endurance. Un coup droit tournoyant aussi. Le revers à deux mains n’est pas encore aussi stable que celui de Novak Djokovic? C’est vrai. Mais avec sa dernière victime londonienne, «Carlitos» partagerait la précision du jeu de jambes et l’art subtil de la contre-attaque.

«Il a le meilleur de ces trois mondes: la résilience mentale et une maturité impressionnantes pour son âge, l’esprit de compétition d’un taureau espagnol et cette incroyable capacité à défendre qu’on a vu chez «Rafa». En plus, il a un revers qui peut ressembler au mien et qui a fait ma force pendant des années», a concédé Novak Djokovic lui-même, dimanche en conférence de presse. Carlos Alcaraz serait-il le joueur parfait: 185 cm de grâce et de puissance toujours souriantes? «Le joueur parfait n’existe pas!» rétorque Claudio Mezzadri, ancien No 26 mondial et premier capitaine de Coupe Davis de Roger Federer. «A mon sens, ajoute celui qui a vécu la quinzaine de l’intérieur en sa qualité de consultant pour la RSI, Djokovic a un peu forcé le trait pour justifier sa défaite: regardez, je n’ai pas perdu contre n’importe qui! Il n’empêche, Carlos Alcaraz combine d’innombrables qualités. A commencer par sa faculté d’adaptation.»

1 » Un jeu de jambes sur coussins d’air

Le tour de cuisse traduit l’explosivité, mais le pas est doux et feutré, comme monté sur coussins d’air. Avant d’enchaîner cinq victoires au Queen’s et sept à Wimbledon, Carlos Alcaraz n’avait disputé que six matches sur herbe, dont il a cerné les enjeux avec une facilité déconcertante. «La puissance qu’il a dans les jambes est exceptionnelle, constate Claudio Mezzadri, mais pour bien bouger sur gazon, il est moins question de force que de coordination. Ce qui me surprend le plus chez lui, c’est la rapidité avec laquelle il a appris à se déplacer sur cette surface. A mon époque, l’herbe n’était pas la même qu’aujourd’hui: la balle fusait davantage. Mais jamais je n’ai réussi à m’y habituer. Lui, en plus des rebonds, maîtrise déjà les appuis. Il sait quand il peut glisser ou quand il ne le peut pas.»

2 » Un coup droit lourd et subtil

Lorsque Rafael Nadal frappait un coup droit, mais il en frappera encore, la balle pouvait atteindre 5000 tours/minute – record du monde officieux. Celle de Carlos Alcaraz n’émarge qu’à 3000 tours/minute, mais n’est pas moins dévastatrice. «Rafa, c’était le lift. Monstrueux. Le coup droit d’Alcaraz a moins d’effet mais a plus de vitesse et de force de pénétration», compare Claudio Mezzadri, admiratif du son de la feutrine quand elle sort de la raquette du Murcian: «clac!»

Le joueur

Naissance le 5 mai 2003 à El Palmar (région de Murcie, Espagne). Commence le tennis à 4 ans et passe professionnel en 2018. Est entraîné par l’ancien No 1 mondial Juan-Carlos Ferrero.

Palmarès

En septembre 2022, il devient le plus jeune No 1 mondial de l’histoire (19 ans et 129 jours). A déjà remporté 11 titres dont 2 du grand chelem: US Open 2022 et Wimbledon 2023.

De sa main droite ne tombe pas que la foudre. «Alcaraz, reprend-il, a la meilleure amortie de coup droit que je n’ai jamais vue. C’est un geste qui semble inné chez lui, or il est très difficile à faire. Souvent il faut changer de prise. Surtout, il faut le masquer jusqu’au dernier moment.» Quant à la volée, elle n’est pas aussi ciselée que celle d’un certain retraité bâlois. Mais là où l’on voit de plus en plus de joueurs privilégier les volées «liftées», Alcaraz joue beaucoup de volées classiques. Serait-il le nouveau garant de la «vieille école»?

3 » Un revers à double tranchant

Comme chez tous les joueurs élevés sur terre – mais n’est-ce pas l’apanage du tennis actuel? – le jeu de Carlos Alcaraz s’articule autour du coup droit. Son revers à deux mains n’est pas qu’un «faire-valoir» pour autant. Dimanche, n’est-ce pas grâce à lui que le No 1 mondial a réussi le break décisif dans la cinquième manche? «A mon avis, tranche le Tessinois, il n’est pas encore aussi stable que celui de Djokovic. Mais je trouve qu’Alcaraz a nettement progressé de ce côté-là. Surtout, il est capable de le varier avec du slice, ce que Djokovic fait aussi, mais peut-être moins Nadal. Ou seulement quand il est en défense.» Roger Federer avait redonné au revers dit coupé ses lettres de noblesse. Carlos Alcaraz n’a pas les mêmes prétentions, mais il l’utilise à des fins similaires: canaliser la puissance de l’adversaire ou obliger ce dernier à monter au filet, quand ce n’est pas lui qui le prend en premier.

4 » Un mental de feu et de glace

Pour mesurer à quel point Carlos Alcaraz est solide mentalement, nul besoin d’aller chercher très loin: la finale de dimanche suffit. «Imaginez un jeune homme de 20 ans qui a certes déjà beaucoup vécu, mais qui s’apprête à disputer la finale la plus prestigieuse qui soit face à un joueur invaincu depuis 10 ans sur ce court et qui cherche à égaler le record de 8 titres à Wimbledon de Roger Federer. Sans oublier que la place de No 1 était en jeu. La tâche est immense! A l’antenne, j’ai parlé de défi ultime», sourit Claudio Mezzadri, encore «sonné» par la manière dont le natif d’El Palmar, ville située au sud-ouest d’Alicante, a mis son succès sous toit, fermé ce jour-là. «Le dernier jeu est exemplaire. Il le commence en ratant une amortie. Alors, tout le monde pense qu’il va être rattrapé par la pression. Mais le point suivant, il retente la même amortie, suivie d’un lob fabuleux. Comme si l’importance du moment n’avait pas de prise sur lui.»

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