Lectrice en Liberté. Anne Vonlanthen, Praroman

Artiste » Pour Anne, 50 ans, créer c’est un besoin. Après avoir exploré le tabou de la mort, ce sont nos rapports avec l’environnement que cette jeune veuve, maman de trois enfants, interroge à travers des œuvres spectaculaires en parallèle de son activité d’enseignante. Un travail de longue haleine à découvrir à la galerie J.-J.Hofstetter dès janvier 2023 et bientôt sur son site Web.

Anne, parlez-nous de votre première rencontre avec l’art…

C’est au musée de l’Art Brut à Lausanne que j’ai ressenti mes plus grandes émotions. J’ai été véritablement fascinée. La plupart de ces artistes ne cherchent pas de public, ils créent par nécessité avec des objets de rebuts, du pas grand-chose, c’est un besoin total. On peut faire un parallèle avec les enfants, la totale spontanéité qu’on observe dans leurs dessins. J’ai été vraiment touchée. 

En parlant d’enfants, en tant qu’enseignante d’arts visuels, qu’essayez-vous de leur transmettre? 

Qu’ils ont le droit d’avoir des idées mais surtout celui de les exprimer. Ça ne m’intéresse pas vraiment de les faire reproduire des objets, j’aime les faire partir d’une idée, de l’actualité par exemple, pour en faire autre chose. Ce qui m’intéresse c’est la métamorphose, comment on peut s’approprier les choses et les transformer. J’aimerais leur faire comprendre que l’art est accessible, que tout le monde peut développer son potentiel créatif et surtout qu’on en a tous besoin.

Vous avez perdu votre mari il y a cinq ans. Une épreuve dont, j’imagine, on ne sort pas indemne...

C’est vrai que ça a été quelque chose de très abrupt pour nous. Quand le diagnostic du cancer est tombé, on a eu quatre mois pour s’y préparer, pour l’accompagner et lui dire au revoir. Il y a une blessure, qui est là et qui reste, mais je n’oublie pas tout ce qu’il nous a apporté.