«Expeau». l’histoire qui coule de source

Exposition » On y apprendra que le mot «robinet» vient du diminutif de «robin», le nom donné au mouton dont la tête ornait souvent les fontaines. On sourira forcément en lisant que le tout-à-l’égout de la ville s’appelait le Merdasson. On s’étonnera de ce que les corrections des eaux du Jura au XIXe siècle ont permis la découverte de vestiges lacustres, très prisés, et ont donc incité l’antiquaire Neuchâtelois Gottfried Kaiser à devenir faussaire et à inventer une nouvelle époque préhistorique, l’âge de la Corne. Et on se dira surtout qu’une institution connue pour ses batraciens naturalisés devait bien un jour s’immerger dans son histoire aquatique. L’exposition temporaire Expeau, au Musée d’Estavayer-le-Lac et ses grenouilles, pouvait par ailleurs difficilement coller à une actualité plus brûlante.

Alors qu’une nouvelle vague de chaleur embrase l’Europe, l’accrochage plonge dans les collections de l’institution en suivant le fil de l’eau. De manière fort intelligente, ludique et parfois amusante, il relève à quel point ce liquide vital est précieux, et pas seulement pour notre alimentation, mais aussi pour notre protection temporelle et même spirituelle.

Travail de détenus

L’eau, à Estavayer, c’est d’abord le lac. Ce vaste territoire nourricier est prospecté par les arpenteurs de vagues attrapant des poissons dans leurs filets, dont on peut admirer un exemple dans une vitrine, un morceau de rets du XIXe siècle. Mais contrairement aux clichés, la pêche n’est pas qu’une affaire de bonshommes. Le travail lacustre concerne toute la famille, les femmes accompagnent leur mari sur les bateaux, entretiennent les outils et écoulent le poisson. On imagine la dureté de la tâche devant le tableau d’un couple fort sérieux datant du XIXe siècle. Le peintre local Joseph Borgognon aborde le sujet plus légèrement en représentant Le convoi funèbre du pêcheur, où la tristesse des proches du défunt est contrebalancée par le soulagement des animaux aquatiques qui l’ont échappé belle.