Joël Dicker, Virginie Despentes. pourquoi ces auteurs deviennent aussi éditeurs?

Edition » Habile à faire recette, Joël Dicker en maîtrise désormais tous les ingrédients. Découvert puis publié par Bernard de Fallois jusqu’à son décès en 2018, l’écrivain maître des Affaires en publiera une nouvelle le 10 mars prochain à l’enseigne de sa propre structure éditoriale, basée à Genève et baptisée Rosie & Wolfe. «Ce n’est pas de l’autoédition, mais une vraie maison d’édition avec une équipe dédiée» avait-il précisé sur son compte Instagram lors du lancement.

La critique de l’Affaire Alaska Sanders

Les auteurs semblent toujours plus nombreux à vouloir voler de leurs propres ailes éditoriales, que l’on pense au bédéaste Riad Sattouf, qui s’édite désormais comme l’avait fait en son temps Claire Bretécher, au candidat Zemmour ou encore à Virginie Despentes, qui annonçait ce lundi même le lancement de sa propre maison. Les éditeurs traditionnels seraient-ils en perte de vitesse? Pour Olivier Bessard-Banquy, spécialiste de l’édition contemporaine, ce mouvement d’autonomisation s’explique avant tout par la volonté de «tout contrôler pour gagner plus». Interview.

Pourquoi Joël Dicker lance-t-il sa propre structure, et qu’a-t-il à y gagner?

Olivier Bessard-Banquy: Tout, à mon avis, dès lors que cela lui permet de contrôler entièrement le processus de fabrication de ses livres. C’est un auteur qui, au fond, a toujours considéré son travail comme étant autonome et qui, au vu de sa réussite, a cherché à en contrôler tous les aspects. Il fait ainsi le choix de se rémunérer mieux en étant le patron de sa propre affaire plutôt qu’en jouant l’écrivain retiré, détaché de l’opérationnel. Un choix cohérent et réfléchi, car Dicker, au même titre que Virginie Despentes, est suffisamment introduit dans ce milieu pour savoir s’entourer de gens de confiance qui sauront l’aider à soigner son produit.