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Livres

Portrait absolu de la Russie

Jil Silberstein, qui a écrit un hommage à quatre opposants à l’absolutisme russe, sera présent au Salon du livre de Genève

Jil Silberstein a travaillé cinq ans à son ouvrage.

14 mai 2022 à 04:01

Enquête » D’abord il y a eu ses voisins rue de Berry, à Paris. Quand il était enfant, ces deux couples de Russes blancs l’ont baigné un peu dans l’atmosphère slave de leur intérieur. Puis son grand ami à l’école primaire, Michel de Scriabine, l’a souvent invité dans un appartement où trônait toujours un samovar. Et bien sûr la littérature – Les frères Karamazov particulièrement – ont achevé de tourner son esprit et son cœur vers l’est. Cela n’explique pas complètement l’intérêt de Jil Silberstein pour la Russie, mais ce sont là les premiers contacts qu’il a noués avec le plus vaste pays du monde. L’écrivain évoquera un pan de son histoire le samedi 21 mai, au Salon du livre de Genève (voir ci-dessous), en parlant d’un ouvrage de Tan Bogoraz, exilé, écrivain et ethnologue de la Kolyma mort en 1936.

Le poète et essayiste a signé la préface de Récits de la perdition du militant révolutionnaire, qu’il a fait traduire puis proposé aux Editions des Syrtes. Un livre qu’il a découvert en écrivant Voyages en Russie absolutiste, vie et mort de quatre opposants, une vaste enquête dont Tan Bogoraz est un des héros et qui fait résonner le parcours de ces hommes courageux avec le présent.

Soutien de Beckett

Dans les combles de sa ferme à Moudon, Jil Silberstein continue cette plongée dans son passé émaillé de souvenirs slaves. Celui qui travaillé pendant dix ans aux Editions de L’Age d’Homme se rappelle qu’à la fin des années 1970, il a découvert le poète russe Iouri Galanskov, mort dans un camp en 1972 et à qui il a voulu rendre hommage. Via le journal La pensée russe, à Paris, il a pu rencontrer des dissidents, se documenter, pour consacrer un livre à l’auteur de Manifeste humain.

«Si j’avais fait quelque chose pour quelqu’un qui était décédé, je pouvais bien faire quelque chose pour quelqu’un qui était vivant.»
Jil Silberstein

«Quelque temps après, j’ai entendu parler de Martchenko (un dissident soviétique, ndlr), qui vivait toujours, mais qui avait passé des années dans les camps et en prison. Si j’avais fait quelque chose pour quelqu’un qui était décédé, je pouvais bien faire quelque chose pour quelqu’un qui était vivant. C’est comme cela que l’on a créé le Comité international Martchenko, que l’on a tourné un film pour la télévision, que l’on a fait appel aux gouvernements. Des gens comme Samuel Beckett et Simone de Beauvoir nous ont soutenus», se souvient Jil Silberstein. Le comité, lancé par une poignée de Lausannois, ne pourra toutefois pas empêcher le dissident de mourir en cellule. Son histoire est celle qu’a choisie Jil Silberstein pour inaugurer son imposante somme, qui ne cède pas à la facilité chronologique.

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