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L'écrivain Alex Capus raconte l’amour et la Gruyère

L’écrivain d’Olten confère des tonalités bucoliques, historiques et fribourgeoises à son romantisme. Tendre et déroutant

Du pied des Gastlosen à la cour de Versailles, le romancier redessine, dans son cinquième roman traduit en français, la trajectoire historique du mercenaire gruérien Jakob Boschung.

24 juin 2022 à 18:47

Temps de lecture : 1 min

Alex Capus » Sur les lacets enneigés du col du Jaun, la petite Toyota patine, puis s’enfonce mollement dans le bas-côté. Elle ne repartira pas. Alors, pour traverser la nuit dans leur igloo automobile en attendant la lame, Max raconte à Tina «une histoire de cette région», romance bien connue en terres bulloises.

Aux confins de la Gruyère, à quelques coups de canons de la Révolution française, vivait un valet de ferme épris d’une fille de paysan, lequel refuse de laisser sa Marie à ce Jakob sans terre. Mais lorsque le vacher, devenu mercenaire, est appelé à Versailles pour traire les laitières noir et blanc qui broutent dans le faux décor champêtre du domaine de Madame Elisabeth, petite sœur de Louis XVI, le père ne peut se soustraire à l’injonction royale. Et l’histoire devient Histoire, réécrite à sa manière vivifiante par Alex Capus.

Un enchâssement narratif joueur et rythmique, qui permet à ce grand conteur de s’adonner à la peinture de genre (ici pastorale et alpestre), sans renoncer à son lumineux humanisme. Interview.

D’où vient l’histoire de ce pauvre Gruérien devenu vacher royal?

Alex Capus: Elle provient d’une chanson populaire intitulée Pauvre Jacques, qui raconte le triste sort de ce Suisse éloigné par deux fois de son amie, et qui lui est tout de même resté fidèle malgré les années. Il faut se rendre compte que lorsqu’il est enrôlé comme mercenaire pendant huit ans à Cherbourg, les amants n’avaient absolument aucun moyen de communiquer. Ils n’avaient que leur amour, et la confiance que l’autre serait encore là après tant d’années. Je trouve cela d’une très grande beauté! Oui, je suis un romantique, j’aime les histoires d’amour qui durent!

 

Et cette histoire est vraie…

Jacques et Marie ont bel et bien existé. On a l’acte de naissance de Jakob Boschung, qui a dû changer ensuite ce nom que les Français n’arrivaient pas à prononcer, ainsi que leur acte de mariage à Versailles. Je suis allé aux Archives cantonales fribourgeoises, où sont conservées les listes des mercenaires partis au service du Royaume, et son nom y figure, ainsi que sa description physique.

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