Cinéma. Toutes les luttes de l’abbé Pierre

L’abbé Pierre » Bien que son nom ne soit pas si (re)connu, Frédéric Tellier a réalisé quelques œuvres remarquables. Avec L’Affaire Sk1, Sauver ou périr et Goliath, sa filmographie revêt déjà une certaine allure. Pour ce nouveau long-métrage qu’il a coscénarisé avec Olivier Gorce, il s’attaque à une figure majeure de l’Histoire contemporaine, à savoir Henri Grouès, dit l’abbé Pierre. Et comme l’indique d’ailleurs très bien son sous-titre, Une vie de combats, le film, amplement documenté, s’intéresse à la personne et à la personnalité de l’abbé Pierre tout en étant toujours et justement raconté à travers ses combats. Contre ses origines bourgeoises, contre l’occupant allemand durant la Seconde Guerre mondiale, contre l’inertie politique en tant que député à l’Assemblée nationale, contre la misère bien sûr et finalement aussi, contre lui-même, ses doutes et sa santé fragile. En cela, le film est passionnant et permet de découvrir bon nombre de facettes méconnues de l’instigateur d’Emmaüs. Côté mise en scène, Frédéric Tellier et son directeur photo Renaud Chassaing ont réussi à trouver le juste équilibre entre la «belle image» et la surenchère de misère, restant ainsi toujours authentiques sans risquer d’être accusés d’avoir aseptisé le contexte. Mais la réussite du projet doit également beaucoup à Emmanuelle Bercot, remarquable en secrétaire plus que dévouée, et bien évidemment à Benjamin Lavernhe, de tous les plans et époustouflant à tous les âges et dans tous ses gestes et paroles.