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Roschdy Zem dévoile un trauma personnel dans «Les Miens»

Le comédien passe derrière la caméra et filme avec esprit un traumatisme personnel

Roschdy Zem (debout) et Sami Bouajila: toute la tendresse d’un duo fraternel malmené par la vie.

22 novembre 2022 à 13:17

Les Miens » Comme le dit le proverbe: «une famille qui crie est une famille unie». Roschdy Zem, excellent comédien qui passe pour la sixième fois (déjà) derrière la caméra, le sait bien. Pour lui, la famille ce n’est ni tout blanc, ni tout noir, mais surtout encore moins tout rose. Le réalisateur de Chocolat et d’Omar m’a tuer revient avec un nouveau long-métrage sobrement intitulé Les Miens, dans lequel une fratrie de forts en gueule s’écharpe, se réconcilie, se soutient, pousse des cris mais surtout… s’aime sans conditions.

Il y a Moussa (Sami Bouajila), le grand frère altruiste et toujours prêt à donner un coup de main aux autres. Il y a aussi Ryad (Roschdy Zem lui-même), son opposé, le frangin obnubilé par sa carrière de présentateur télé et sempiternellement pendu à son portable et à qui tout le monde reproche son égoïsme. Il y a également la sœur Samia (Meryem Serbah) qui tient toute cette smala à bout de bras, et quelques autres comme Salah (Rachid Bouchareb) qui a fait une tentative de suicide ou encore un neveu obsédé par les théories du complot (Carl Malapa).

L’équilibre fragile de cette famille bruyante et sympathique va pourtant être mis à mal lorsque Moussa, le directeur financier en costume cravate rassurant, fait une chute. Une violente commotion cérébrale le fait sombrer dans l’apathie durant quelque temps et lorsqu’il reprend ses esprits il ne semble plus être lui-même. Méconnaissable, Moussa parle alors sans filtre et balance à tout le monde ses quatre vérités, sans inhibition. Il finit par se brouiller avec toute sa famille, sauf avec Ryad l’égoïste, étrangement.

Pétillant et drôle

Le point de départ de ce film est un accident qui est réellement arrivé au petit frère de Roschdy Zem. «Après un choc à la tête, cet homme si gentil est devenu quelqu’un au franc-parler désinhibé et féroce. Cet événement a créé un cataclysme au sein de ma famille, qui est une famille à la fois très soudée et en proie aussi à des conflits, comme toutes les familles», confie le réalisateur dans une note d’intention. Afin de traduire à l’écran ce vécu personnel et d’en faire une histoire universelle, Roschdy Zem s’est entouré pour l’écriture du scénario de Maïwenn (qui joue aussi dans le film) et de Pascal Caucheteux. De cette tragédie, ils tirent un scénario à la fois plein d’humour et qui laisse la place aux vrais sentiments, ceux qui ne sont jamais unilatéraux.

On y croit sans peine, à cette fiction inspirée de la réalité

Et on y croit sans peine, à cette fiction inspirée de la réalité. Le réalisateur comme ses comédiens trouvent le ton juste. Jamais le long-métrage ne tombe dans le piège d’une farce facile à la Menteur, menteur même si le potentiel comique de cet homme qui ne parvient plus à retenir ses réflexions spontanées donne lieu à quelques scènes franchement hilarantes. C’est pétillant et drôle mais sans que l’artifice comique ne prenne jamais le dessus. Cet équilibre subtil fait toute la saveur de ce long-métrage qui se veut avant tout une exploration tendre et nuancée des liens qui unissent les membres d’une famille.

On regrettera, une fois n’est pas coutume, la durée très courte du film (moins d’une heure et demie) car certains de ces nombreux personnages auraient mérité d’être plus longuement développés. Les Miens est un film étonnant par sa sincérité et qui fait du bien.

 

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