Logo

Écrans

Révolution sur la montagne

Stefan Jäger raconte l’aventure de libres penseurs dans leur refuge tessinois en 1906

Début du XXe siècle, le sanatorium du Monte Verita, au Tessin, accueillait les esprits libres en quête d’un autre monde.

24 août 2021 à 15:16

Monte Verita » Quelques jours après sa projection sur la Piazza Grande, à Locarno – où le film jouait pour ainsi dire à la maison –, Monte Verita sort sur les écrans de Suisse romande. Tourné dans la région d’Ascona, ce long-métrage de Stefan Jäger met en lumière une curiosité helvétique méconnue. Au début des années 1900, Ascona représentait une bulle de liberté et d’expérimentation sociale pour le mouvement Lebensform, venu d’Allemagne.

Un courant encourageant le retour à la nature, l’acceptation de son corps, notamment par la pratique du naturisme, ainsi que le végétarisme et une approche thérapeutique fondée sur l’amour. D’illustres penseurs ont d’ailleurs séjourné dans le sanatorium posé sur les flancs du Monte Verita, littéralement la montagne de la vérité: le philosophe Friedrich Nietzsche ou encore l’écrivain Herman Hesse, qui fait une apparition dans le film.

 

Film d’époque appliqué

Mais c’est bien sous l’angle de la fiction que le cinéaste zurichois traite de cet épisode historique, tout en basant son récit sur des documents et des photos d’époque, etc. Il invente ainsi le personnage d’Hannah (Maresi Heigner), jeune femme de la haute société viennoise corsetée au propre comme au figuré dans une bourgeoisie confortable mais vide de sens et de toutes perspectives. Atteinte d’une maladie pulmonaire, elle se rend au Tessin et découvre un vent de liberté qui redonne du souffle à son existence. Loin de son quotidien, Hannah découvre une autre façon de vivre, loin de l’écrasant patriarcat qui régit sa vie autrichienne. Elle goûte ainsi aux plaisirs simples de la danse et des arts, notamment celui de la photographie.

Un propos qui résonne avec les combats féministes d’aujourd’hui

Film d’époque appliqué, Monte Verita bénéficie de beaux costumes et de décors soignés qui recréent sans mal l’année 1906. Ce sentiment est de surcroît accentué par quelques astuces de montage qui voient certaines images se figer en clichés jaunis, unissant ainsi le cinéma contemporain et la photographie balbutiante du tout début du XXe siècle. Si le scénario a tendance à surjouer le mélodrame familial autour de son personnage principal, il a le mérite d’éviter le piège d’insister sur les clichés associés à cette petite communauté alpestre de libres penseurs (sexualité débridée, pratiques ésotériques). Au final, le long-métrage apporte un message plus universel, plaidoyer pour la liberté et l’émancipation des femmes. Un propos qui résonne avec les combats féministes d’aujourd’hui.

Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus

Dans la même rubrique