Critique des «Blagues de Toto 2». petite mise au vert

Les blagues de Toto 2 » Après avoir séduit d’innombrables lecteurs en herbe dans la série de bandes dessinées Les Blagues de Toto de Thierry Coppée, puis plus d’un million de spectateurs à la sortie de leur adaptation cinématographique en 2020, le taquin Toto revient sur grand écran mais quitte cette fois les bancs d’école pour une classe verte à la ferme. Et pas n’importe quelle ferme, puisqu’il s’agit ici d’une exploitation fièrement labellisée bio sise aux abords d’un bucolique village réputé exemplaire pour sa capacité à traiter discrètement ses déchets. Ce tableau trop idyllique masque pourtant une réalité bien plus sombre sur laquelle Toto et ses complices sont bien déterminés à lever le voile. D’autant plus qu’une légende autour d’un château hanté pourrait bien être la clé de la curieuse malédiction qui s’est abattue sur ce petit coin de campagne…

Le scénariste Mathias Gavarry, déjà à l’œuvre sur le premier volet et rompu aux comédies enfantines et scolaires (pour le pire, Les Profs 2, et le moins pire, Le Trésor du Petit Nicolas), a donc eu la bonne idée de sortir du cadre urbain et de profiter de son nouveau décor pour traiter, entre deux blagounettes plus ou moins inspirées, de thématiques légèrement plus sérieuses.

Bien que très à la mode, voire suspecte, cette forme de greenwashing scénaristique n’est pourtant pas forcément opportuniste. La démarche est pertinente et cohérente, dans la mesure où le film est principalement raconté du point de vue d’enfants dont la conscience des problématiques écologistes est, à l’heure actuelle, tout à fait crédible.

Un savoir-faire payant

Ce petit élan de maturité bienvenu permettra aussi de séduire un public plus large que celui visé de prime abord, dont certainement quelques adultes qui sauront se reconnaître dans une sous-intrigue centrée autour des parents de Toto, maladivement inquiets et incapables de faire confiance à leur turbulente progéniture.

Revient alors à Pascal Bourdiaux (lui aussi déjà derrière la caméra dans le précédent opus) de mettre en scène ce scénario plutôt malin, attachant et rehaussé d’un brin de mystère ainsi que d’une sincérité bon enfant qui s’accorde parfaitement avec la personnalité de son jeune héros.

Les paysages campagnards baignés de soleil sont fort bien mis en valeur et les petites saillies de fantastique, élémentaires, à base de petites retouches numériques et d’effets pratiques discrets mais efficaces, ajoutent une autre plus-value au film, qui ne tourne définitivement pas qu’autour des petites farces puériles de Toto.

Ce souci de bien faire, peut-être rendu possible par un budget visiblement confortable, se ressent jusque dans la musique (signée Romain Trouillet, éclectique compositeur du bien plus noir Sauvage de Camille Vidal Naquet ou de l’anxiogène Madeleine Collins d’Antoine Barraud), pour une fois beaucoup moins générique et bien plus travaillée que dans les productions habituelles du genre.

Harmonie de groupe

Reste le choix des comédiens et la qualité de leur interprétation, points sensibles et souvent faibles des œuvres mettant essentiellement en scène des acteurs jeunes et débutants. Le réalisateur dit avoir accepté cette suite entre autres pour prolonger le plaisir qu’il a eu à travailler avec des enfants lors du tournage du premier volet.

Les Blagues de Toto 2 s’acquitte honorablement de sa tâche

Cet enthousiasme à façonner des talents bruts se ressent dans la capacité du cinéaste à non seulement diriger son casting de manière individuelle, mais surtout à créer une harmonie de groupe dans laquelle des têtes plus connues (Guillaume de Tonquédec, Anne Marivin, Pauline Clément) savent trouver leur place et s’effacer face à de plus fraîches frimousses comme celle d’Hugo Trophardy, nouveau visage de Toto dont le regard espiègle et malicieux convient tout à fait au rôle qu’il défend.

Comédie familiale efficace au suspense discret mais probant, pas plus moralisatrice qu’il ne le faut, Les Blagues de Toto 2 s’acquitte honorablement de sa tâche, finalement pas si évidente, de plaire au plus grand nombre.