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Écrans

Pauvres créatures, la greffe prend bien

Emma Stone revient d’entre les morts… Avec une âme d’enfant. © The Walt Disney Company

16 janvier 2024 à 12:10

Le cinéaste grec Yorgos Lanthimos poursuit sur son chemin cinématographique si singulier avec son nouveau film Pauvres créatures (Poor Things). Cette réalisation, auréolée du Lion d’or à la dernière Mostra de Venise, marque une nouvelle étape dans la carrière du créateur de La Favorite et de La Mise à mort du cerf sacré. Le cinéaste nous offre une expérience d’une étrangeté fascinante, oscillant entre l’humour absurde, la satire sociale et un récit d’aventure surréaliste.

L’histoire est celle de Bella (Emma Stone), une Anglaise d’une époque victorienne rétrofuturiste sauvée des eaux par un savant fou, le Dr Godwin Baxter (Willem Dafoe). La singularité de l’intrigue réside dans une greffe de cerveau qui transforme Bella en une femme adulte, mais avec l’esprit d’un jeune enfant. Grâce à ce dispositif narratif, Yorgos Lanthimos navigue habilement entre le rire et le malaise. Il nous plonge dans un monde où l’innocence enfantine côtoie la découverte effrénée de la sexualité et des réalités humaines les plus sombres.

Hilarant et poignant

La performance d’Emma Stone est une véritable révélation, alternant entre l’enfantin et le provocateur avec une maîtrise assez jouissive. Willem Dafoe, dans le rôle du docteur cinglé et dévoré par son besoin d’expériences, incarne un mentor paternaliste et défiguré – qui forcément rappelle le Dr Frankenstein de Mary Shelley – ajoutant une couche de complexité à cette fable déjantée.

L’univers visuel de Pauvres créatures est quant à lui un régal pour les yeux, avec des décors fantastiques allant de l’opulence victorienne à des mutations animales déconcertantes (on ne vous dévoilera pas les meilleures surprises…). Les gags visuels, notamment ceux liés au vocabulaire limité de Bella, sont à la fois hilarants et poignants. Le film explore également des thèmes profonds, offrant une satire subversive de l’hypocrisie sociale de notre temps, en particulier du patriarcat et de la misogynie.

L’univers visuel de Pauvres créatures est véritablement un régal pour les yeux.

Bien que le film s’égare parfois dans des intrigues secondaires, sa force réside dans sa capacité à mélanger le grotesque et le touchant. Les performances exceptionnelles, la direction artistique impeccable et le scénario perlé en font une œuvre résolument audacieuse. Pauvres créatures démontre une fois de plus la maîtrise du réalisateur dans la représentation de comportements extrêmes au sein de cadres soigneusement élaborés, livrant ainsi une œuvre cinématographique délicieusement déconcertante. Cette greffe cinématographique mêlant humour noir, provocation et cinéma d’aventure prend décidément très bien.

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