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«Notre pays est une prison»

Sahra Mani lance un cri d’alerte: la culture et l’histoire afghanes sont en danger

Cinéaste afghane Sarah Mani Photo Lib/Charly Rappo, Fribourg, 21.03.2022Charly Rappo/Charly Rappo / La Liberté

22 mars 2022 à 13:24

Temps de lecture : 1 min

Afghanistan » Cette année, le Festival international du film de Fribourg (FIFF) rend hommage au cinéma afghan. Six films – cinq documentaires et une fiction – sont ainsi programmés. Ils témoignent de la vitalité du cinéma de ce pays sans structures d’aides à la création et ravagé par la guerre. Mais en 2021, le retour au pouvoir des talibans a mis un frein à cet essor. Les artistes sont des voix dangereuses qu’il faut faire taire. Plus que jamais, le cinéma afghan est en danger d’extinction, et les cinéastes n’ont d’autre choix que l’exil. Membre du jury du FIFF, la réalisatrice Sahra Mani pose un regard inquiet et militant pour que l’obscurantisme n’efface pas tout simplement la culture d’une nation.

Que s’est-il passé pour le cinéma afghan ces 20 dernières années?

Sahra Mani: Il a beaucoup progressé. Il y a eu beaucoup de films produits et un grand nombre d’entre eux ont été tournés par des femmes de ma génération. Il y avait des ateliers de cinéma, de photographie, de journalisme qui permettaient de se former et de développer des talents. Nous avons pu avoir accès à des festivals internationaux. On constate que le cinéma afghan a progressé à pas de géant, même sans financement étatique. Ceci dit, cela restait difficile de faire venir des équipes de tournage internationales pour des questions d’assurances. Nous n’avons pas de festivals de films non plus et les salles de cinéma sont rares… Sans compter qu’avec les bombardements quotidiens, travailler comportait toujours un risque sérieux. Et je ne parle pas des coupures d’électricité et d’internet.

Même si la situation était très difficile il était possible de tourner des films. Mais tout s’est arrêté lorsque les talibans ont repris le pouvoir en 2021…

C’est absolument déchirant et injuste. Nous avons dédié notre vie à faire des films, et maintenant nous ne pouvons même plus retourner dans notre pays. L’exil est la seule option. Il y a tellement d’artistes qui ont été tués par les talibans. Ils pendent leurs cadavres aux arbres pour répandre la terreur. Les artistes sont menacés, humiliés, assassinés. Les talibans savent qu’ils ont le pouvoir et qu’ils n’auront jamais à répondre de leurs actes. C’est une honte.

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