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Écrans

Notre (pas si) belle famille

Maïwenn revient avec un film drôle et personnel sur la quête de ses origines

C’est le décès subit d’un patriarche qui va réunir cette grande famille aux rancœurs tenaces.

27 octobre 2020 à 13:49

ADN » C’est une famille hétéroclite et bricolée. Plusieurs générations et plusieurs origines s’y côtoient, s’aiment et se déchirent entre des envolées verbales colorées et des silences lourds de sens transpercés par des regards parfois très noirs. Au milieu, Neige, une mère de trois enfants, divorcée, et qui rend régulièrement visite à son grand-père algérien Emir, vivant dans une maison de retraite. Le patriarche, véritable pilier de la famille, meurt subitement. Un décès qui va réunir cette smala explosive pour des funérailles mais qui va surtout révéler des tensions jusqu’ici larvées. Lassée par ces rancœurs, Neige part explorer ses origines et fera notamment des découvertes à la faveur d’un test ADN.

Pour son cinquième long-métrage, la cinéaste et comédienne Maïwenn – césarisée devant la caméra avec Pardonnez-moi mais aussi derrière avec Polisse et Mon roi – plonge dans sa propre histoire, elle qui est née d’une mère franco-algérienne et d’un père breton d’origine vietnamienne. A travers cette grande famille imaginaire, la réalisatrice démêle les fils de sa propre identité, notamment une relation compliquée avec sa mère, interprétée à l’écran par Fanny Ardant dont les yeux sombres fusillent. Un long-métrage qui porte en outre le label Cannes 2020 puisqu’il aurait dû être en compétition sur la Croisette.

Du rire aux larmes

Certains verront dans ce film à cheval entre la fiction et la réalité la manifestation d’un narcissisme. D’autres souligneront au contraire la sincérité d’une démarche introspective… Peu importe lorsque le résultat est aussi probant. Car les excès de cette famille multiculturelle et burlesque sont communicatifs. Comment résister à cette scène d’engueulade monumentale au moment de choisir la matière du cercueil du défunt ainsi que la couleur du capitonnage? Grâce à un humour mordant et omniprésent, Maïwenn raconte les chemins cabossés qui mènent à sa famille. Des parcours faits d’amour, de trahisons, de parents toxiques et d’enfants ingrats, de descente aux enfers et de renaissance… Un regard lucide et amusé qui ne manquera pas de faire sourire tous ceux qui partagent ou qui ont partagé un jour ce genre de dynamique familiale. Comment ça tout le monde?

A travers cette grande famille imaginaire, la réalisatrice démêle les fils de sa propre identité

Et pour donner vie à ce bouillonnant microcosme, Maïwenn a concocté un casting très réussi. Outre Fanny Ardent et ses yeux revolver, on retrouve avec délice Louis Garrel, qui illumine l’écran à chacune de ses apparitions malicieuses, ou encore Marine Vacth en sœur effacée et fuyante ou le surprenant Dylan Robert, véritable chien fou incontrôlable mais touchant par son exubérance. Un film à l’énergie soutenue et parfois un peu trop débridée mais qui réussit à faire dialoguer le rire et l’émotion.

ADN

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