Logo

Écrans

Cinéma. Nicolas discute avec ses papas

Sempé, Goscinny et Le Petit Nicolas réunis pour la première fois sur grand écran

Dans les années 1950, René Goscinny et Jean-Jacques Sempé créaient leur espiègle Petit Nicolas. Ce film d’animation leur rend hommage.

11 octobre 2022 à 14:46

Le Petit Nicolas » Alceste, Eudes, Marie-Edwige, M. Mouchabière, «Le Bouillon»,… ces prénoms, noms ou sobriquets d’un autre temps sont bien connus de tous les jeunes de 7 à 77 ans depuis près de sept décennies. Du moins, petits et grands savent qu’ils appartiennent à l’univers du Petit Nicolas, personnage crée en 1956 par René Goscinny et Jean-Jacques Sempé. Bien qu’extrêmement célèbres à travers le monde, adaptées en série animée pour la télévision puis en long-métrages en prise de vues réelles pour le cinéma, les aventures du petit écolier au tricot rouge peintes à l’aquarelle n’avaient bizarrement jamais eu l’honneur d’être retranscrites fidèlement sur la grande toile.

Passions et tourments

C’est en déplorant cette lacune que le producteur Aton Soumanche proposa à Anne Goscinny, fille de René, de développer un long-métrage mêlant documentaire et animation et s’inspirant autant du personnage du Petit Nicolas que de ses créateurs. En s’associant au scénariste Michel Fessler (Un Juif pour l’exemple), les deux auteurs se sont rapidement convaincus de traiter l’ensemble du film à venir en dessins animés. Ainsi était né le squelette de Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux?, brillamment mis en images par le couple de réalisateurs Amandine Frédon et Benjamin Massoubre et vainqueur du festival d’animation d’Annecy l’an dernier (l’équivalent du festival de Cannes pour le cinéma d’animation).

La grande intelligence de cette adaptation des aventures du Petit Nicolas est de mêler dans un seul élan et avec une fluidité remarquable, un échantillon des courtes histoires imaginées par Goscinny et Sempé et un bref survol des moments charnières de leur vie d’artiste. Des petites vignettes animées viennent ainsi entrecouper le récit de leurs souvenirs respectifs. Pas toujours roses d’ailleurs et teintées de cauchemars de déportations, de pertes et de violences domestiques…

Au propre comme au figuré, Le Petit Nicolas dialogue avec les auteurs.

Un monde à l’opposé de celui, idéalisé, qu’ils allaient créer et préserver ensemble. Le film fonctionne ainsi, autant comme une mise en abîme dans laquelle il est amusant de chercher à déceler des traces de la personnalité des deux créateurs que comme un documentaire passionnant nourri de leurs passions et tourments.

Au propre comme au figuré, Le Petit Nicolas dialogue ainsi avec les auteurs et c’est, par exemple, en sautant sur les notes d’un piano qu’il donne la direction musicale agréablement jazzy de la bande originale de Ludovic Bource. Ailleurs, il «corrige» les traits d’un personnage, influence un décor ou partage simplement une émotion. En quelque sorte, le film semble se fabriquer et se développer en direct. L’impression est rare, précieuse et à conseiller aux nostalgiques de tous âges.

Le Petit Nicolas

Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus