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Ferrari. Michael Mann et Adam Driver au volant d’un biopic vrombissant

Michael Mann, le réalisateur de Heat, Thief et Miami Vice, revient avec un biopic consacré à Enzo Ferrari. Adam Driver incarne le célèbre industriel italien à un moment charnière de sa vie. Une réussite.

Adam Driver – le bien nommé, debout à droite – incarne Enzo Ferrari à un moment charnière de sa vie, industriellement parlant comme sur le plan sentimental. © Elite Film

25 décembre 2023 à 15:35

Ferrari » La réputation de Michael Mann n’est plus à faire. Le réalisateur américain est en effet l’auteur de monuments tels que Heat (1995), opposant Robert De Niro et Al Pacino, ou d’excellents films de genre qui ont marqué leur époque: Thief (1981), Manhunter (1986), Collateral avec Tom Cruise (2004), ou encore Miami Vice (2006). Malheureusement pour lui, ses deux derniers longs-métrages (Public Enemies en 2009 et Blackhat en 2015) n’ont pas rencontré un grand succès. Et pour cause: ils sont, avouons-le, assez ratés.

Après une longue pause au cours de laquelle il s’est consacré à l’écriture, Michael Mann revient enfin sur le grand écran avec un biopic d’Enzo Ferrari, célèbre pilote automobile et industriel italien à l’origine de la création de la Scuderia Ferrari en 1929, et de la marque de voitures de sport du même nom en 1947.

Autant évacuer les soupçons d’entrée de jeu: Ferrari n’est pas un de ces films biographiques qui vous prennent par la main et vous racontent la vie d’un personnage au pas de charge, de l’enfance au trépas ou pas bien loin. Au contraire, le scénario de Troy Kennedy Martin (décédé en 2009, c’est dire si le projet a eu le temps de maturer) s’intéresse à un moment très particulier du parcours d’Enzo Ferrari. Nous sommes en 1957 et les voitures de l’écurie au cheval cabré sont à la traîne sur les circuits.

Le concurrent italien Maserati et son pilote vedette, Juan Manuel Fangio, vont toujours plus vite, et les Britanniques de Jaguar incarnent le futur de l’automobile à haute performance. Mais comme le dit Enzo: «Nos concurrents font des courses pour vendre des voitures de tourisme, chez Ferrari nous vendons des automobiles (à cette époque, une petite centaine d’unités par année, ndlr) pour financer notre écurie de voitures de course».

Seule solution pour la Scuderia Ferrari: pactiser avec un grand constructeur tel que Ford ou Fiat pour pérenniser l’entreprise et, surtout, remporter la célèbre course sur route des Mille Miglia (mille kilomètres aller-retour entre Brescia et Rome) pour redorer le blason de la manufacture automobile. Mais en parallèle, Enzo Ferrari doit aussi composer avec un mariage d’apparences, dans lequel Laura Ferrari tient les cordons de la bourse, et avec une maîtresse aimante, Lina Lardi, mère de Piero, le fils illégitime avec lequel Enzo essaie de passer le plus de temps possible, lui qui a déjà perdu son premier héritier Dino Ferrari d’une dystrophie musculaire alors que celui-ci n’avait que 24 ans.

Embardées stupéfiantes

Passé le choc initial d’entendre des comédiens jouer en anglais avec l’accent italien (le procédé est bien connu à Hollywood, on l’a récemment vu dans Napoléon, de Ridley Scott) force est de constater que le casting de Ferrari est sacrément réussi. Il y a d’abord Adam Driver – qui n’aura jamais aussi bien porté son nom – dans le rôle-titre. L’acteur livre une performance habitée et prouve que l’on peut prononcer sans mal son nom dans le même souffle que celui d’immenses comédiens tels que Pacino, De Niro, Phoenix ou DiCaprio. L’épouse trompée est interprétée par l’Espagnole Penélope Cruz, elle aussi parfaite dans un registre peu bavard mais riche en émotions.

Et puis il y a aussi une quantité de seconds rôles bien sentis: l’amante Lina Lardi (Shailene Woodley), les pilotes Alfonso de Portago (Gabriel Leone) et Piero Taruffi (Patrick Dempsey) ou encore l’ingénieur Carlo Chiti (Michele Savoia). Le parti pris de ne pas grimer outre mesure ces comédiens pour les faire ressembler à leurs modèles permet en outre de laisser le champ libre à leurs expressions.

Mais comment envisager un film sur la marque Ferrari sans parler de voitures? Impossible. De ce côté, Michael Mann réussit plutôt bien sa mission. Que ce soit sur circuit ou sur route, ses bolides vibrent, vrombissent et défilent à toute allure. Les embardées sont à ce titre assez stupéfiantes et traduisent de manière saisissante le fracas de la tôle et des corps. Si à notre époque, grimper dans une formule 1 relève sans doute de la témérité, dans les années 1950 c’était carrément de l’inconscience. La mort pouvait, sans mauvais jeu de mots, attendre les pilotes (ou les spectateurs) à chaque virage…

Le design sonore incisif du film ainsi que les amples mouvements de caméra et le montage nerveux participent grandement à l’impression de vitesse. La tension de la compétition est palpable. En résumé, Ferrari réconciliera les amateurs de spectacle mécanique et ceux qui chercheront plutôt la tragédie humaine dans le destin hors norme de cet entrepreneur qui, avec ce film, se fait désormais un prénom.

Sur circuit ou sur route, les bolides vibrent, vrombissent et défilent à toute allure

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