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Les «couillons» de la farce

Comédie sociale dopée au film de braquage, La revanche des losers est une jolie surprise

Une joyeuse bande de bras cassés en route pour le braquage du siècle, emmenée par un Ricardo Darin (tout à droite) en grande forme.

20 avril 2021 à 15:04

La revanche des losers » Dès ce vendredi, les salles de cinéma fribourgeoises rouvrent leurs portes après des semaines de fermeture. Malgré les contraintes, les cinés ont concocté dans l’urgence une programmation qui a, disons-le, franchement de la gueule. Par exemple cette épatante comédie sociale argentine, La revanche des losers, qui aurait dû clore le Festival international de films de Fribourg (FIFF) en 2020, la fameuse édition annulée en raison du Covid-19, et qui trouve enfin le chemin des salles obscures helvétiques.

Nous sommes en 2001. L’Argentine s’apprête à vivre une crise économique sans précédent. Mais ça, Fermin (Ricardo Darin, génial), une ancienne gloire du football qui exploite une station-service dans un bled paumé, ne le sait pas encore. C’est ce moment on ne peut plus inopportun que choisit notre antihéros pour se lancer dans une coopérative qui doit sauver son petit village de la pauvreté: remettre en service de vieux silos à grains abandonnés. Il récolte ainsi de l’argent auprès des habitants qui lui confient les économies d’une vie. Hélas pour eux, un banquier sans scrupule va détourner leurs précieux dollars. Grugés, humiliés, désemparés, ces hommes et ces femmes vont pourtant rebondir. Ils commencent à préparer un braquage grandiose pour récupérer ce qu’ils ont perdu.


Vengeance!

Cette comédie sociale menée tambour battant s’inscrit dans le contexte lourd du corralito, le nom donné aux mesures d’économies en Argentine qui, en 2001, avaient pour but de mettre fin à la fuite des capitaux: avoirs bancaires gelés, retraits uniquement en pesos et en très petite quantité… Un traumatisme national. Dans sa langue d’origine, le film se nomme La Odisea de los Giles, ce que l’on pourrait traduire par «l’odyssée des couillons», celle de ceux qui se sont laissé berner, parce que trop gentils et trop confiants. Sur le ton de l’humour, le film donne donc à ces perdants économiques une occasion de se venger du système!

Avec sa galerie de pieds nickelés, le long-métrage ne manque pas d’arguments comiques. Le comédien Ricardo Darin, qui collabore ici pour la troisième fois avec le réalisateur Sebastian Borensztein (El Chino, Koblic) est fort convaincant et emmène sans mal sa joyeuse bande. Si la réalisation ne brille pas par son inventivité, le film dégage une bonne humeur malicieuse qui fait sacrément du bien. Péripéties, rythme, humour et même une touche d’émotion… Tous les ingrédients d’une comédie sociale réussie, dopée au film de hold-up cinéphile, sont ainsi réunis dans La revanche des losers. Un métrage poilant qui, avec ses airs de film des frères Coen, est une jolie surprise. Par les temps qui courent, difficile de dire non à cette sympathique proposition.

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