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Le travail en jackpot

Karim Barras incarne un sacré loser dans La Chance de ta vie, sur la RTS. Entre la Suisse, la France et la Belgique, il mène une carrière rigoureuse

Dans La Chance de ta vie, Karim Barras perd des millions et leur court après.

10 septembre 2021 à 15:58

Rencontre » Sa fiche Wikipédia indique qu’il est sorti diplômé du prestigieux Institut national supérieur des arts du spectacle (Insas) de Bruxelles à l’âge de dix ans… Une affirmation qui a laissé pantoise la signataire de ces lignes un bon bout de temps. A dix ans, vraiment? En cheminant sur un trottoir de Genève vers une belle terrasse cachée, tee-shirt foncé et cheveux au vent, Karim Barras éclate de rire. «En fait quelqu’un m’a rajeuni de dix ans: j’ai bien terminé l’Insas en 1993, mais j’avais presque 20 ans», explique l’acteur et comédien, né à Genève et établi dans la capitale belge depuis près de 30 ans.

Et quand bien même. Avoir obtenu son diplôme à pas tout à fait 20 ans, c’est déjà un exploit. «Le concours d’entrée de l’Insas est costaud, c’est vrai, et j’étais le plus jeune de ma volée», confirme-t-il sans vantardise aucune. Car celui qui tient le rôle phare de la nouvelle série de la RTS, La Chance de ta vie, mais que l’on a aussi vu dans Au service de la France, Quartier des banques, La Trêve, Helvetica et même rapidement dans le dernier OSS 117, sans parler de sa maîtrise de Shakespeare au théâtre, est un authentique modeste. Pour les caprices de star, prière d’aller voir ailleurs. Derrière sa tasse de café, Karim Barras ne se prend pas la tête. Il a les pieds sur terre et une délicieuse dose d’humour.

«J’étais le plus jeune de ma volée»

Karim Barras

Son père, d’origine fribourgeoise, était metteur en scène et enseignait le théâtre. Sa mère a été comédienne. Le fruit n’est donc pas tombé loin de l’arbre, comme on aime à dire en pareilles circonstances. «Le théâtre a toujours été mon univers et j’ai commencé à en faire très jeune. C’était un terreau fertile pour moi et quand j’ai lâché les arts décoratifs, à Genève, pour me présenter à l’Insas, je pensais que ce ne serait pas trop compliqué. J’ai vite compris que c’était un choix qui allait me demander beaucoup de travail!»

Bosseur, endurant comme un coureur de fond, Karim Barras creuse un très respectable sillon. D’abord au théâtre. Puis depuis dix ans, beaucoup plus souvent à la télé, grâce aux séries. Et si ce support a su gagner ses lettres de noblesse, quand le Genevois s’est lancé, c’était une autre histoire. «Dans mon entourage professionnel, travailler pour la télévision a pu être perçu comme une sorte de trahison à l’époque, se souvient-il. Mais voilà, moi je devais vivre!»

Un duo classique

Peu à peu, le temps a fini par lui donner raison. Et ces dernières années passées sur plusieurs tournages télévisuels lui ont apporté une précieuse expérience, au vu du flot toujours croissant d’objets à disposition du public. «Le tournage d’une série est très intense, avec moins de temps d’exploration qu’au cinéma. Du coup, si tu n’es pas réellement prêt, le train passe et c’est trop tard.» Ce constat résonne de façon d’autant plus vibrante quand on le rapporte à La Chance de ta vie, présentée par la RTS comme une comédie familiale (en huit épisodes). Car quoi de plus casse-gueule que l’humour?

 

«Quand j’ai reçu le projet, j’ai d’abord voulu rencontrer le réalisateur (le Zurichois Chris Niemeyer. Les pubs Galaxus, c’est lui, ndlr). Pour moi, il était capital que nous soyons sur la même longueur d’onde, car finalement la comédie est un genre très clivant: personne ne rit vraiment de la même chose…» De la préparation en veux-tu, en voilà, Karim Barras en a engrangée avant le début du tournage, il y a un an exactement, en pleine pandémie (sinon ce n’est pas drôle). Avec Niemeyer ou avec l’excellent Joan Mompart, avec lequel il forme à l’écran un duo de comédie assez classique, «mais pas si facile à faire fonctionner (le futé, Mompart, et celui qui ne percute pas à tous les coups, Barras, ndlr). On a beaucoup cherché!» Et Karim Barras a trouvé. «Mon personnage, Loïc Froidevaux, est un vrai loser, mais j’ai envie de le défendre. Je lui ai insufflé une grande humanité, sinon il n’aurait été qu’un imbécile.»

Ce type parfaitement à côté de la plaque, chaîne dorée autour du cou, bas de training informe et sourire candide, rafle 160 millions à la loterie. Et ce qui devrait le sortir d’un quotidien compliqué, lui, sa femme Loane (épatante Zoé Schellenberg) et leurs enfants Tina (Mila Jubelin de Meyer) et Maël (Roméo Cerutti), va le plonger dans des embrouilles multiples. Alors qu’il tombe de Charybde en Scylla, on ne peut s’empêcher de s’attacher à lui et aux mimiques bluffantes de justesse que lui confère Karim Barras.

Du rire aux larmes, le quadragénaire dit son besoin de changer de registres. Et a su, à l’évidence, varier sa palette, de Richard III à La Chance de ta vie. Théâtre, cinéma, télévision, le comédien prête encore sa voix à de nombreux doublages. Et notamment à l’humoriste américain Kevin Hart. «Mais les gosses adorent me challenger sur le dessin animé Adventure Time», rigole celui qui pratique également la basse électrique.

Dangereux pour l’ego

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