Logo

Écrans

Cinéma. le légendaire John Woo est de retour à Hollywood avec «Silent Night»

Le mythique cinéaste hongkongais John Woo revient à Hollywood après 20 ans d’absence. Il est aux commandes de «Silent Night», film d’action évidemment. Il a pour particularité de ne pas avoir de dialogues. En revanche les flingues parlent.


15 décembre 2023 à 13:50

Cinéma » C’est ce qui s’appelle revenir par la petite porte… limite rentrer par effraction en brisant un carreau de fenêtre. Alors qu’il n’y a encore pas si longtemps, le nom de John Woo faisait saliver à quantité égale les producteurs hollywoodiens et les amateurs de films d’action stylisés, le réalisateur hongkongais a perdu de sa superbe. La faute à quelques bides retentissants dans les années 2000 (le naufrage Windtalkers, le ratage Paycheck).

John Woo demeure toutefois une figure incontournable du cinéma d’action moderne. Il a laissé une empreinte indélébile sur le genre au cours des années 1980 et 1990. Sa signature, immédiatement reconnaissable, se manifeste à travers des fusillades en feux croisés, des ralentis quasi lyriques, des plans-séquences mémorables et des envolées de colombes. Entre 1989 et 1992, les triomphes de The Killer et Hard Boiled (A toute épreuve) avec l’acteur Chow Yun-fat, le Delon asiatique, ont attiré l’attention de Hollywood, où le cinéaste a réalisé des films tels que Face Off avec John Travolta et Nicolas Cage ou Mission: Impossible 2 avec Tom Cruise, son plus grand succès commercial à ce jour (550 millions de dollars).

Mais même si John Woo a mis de côté son aventure étatsunienne, il n’a pas pour autant cessé de tourner dans son pays. La superproduction historique chinoise Red Cliff (2009) en est la preuve, tout comme les films d’action The Crossing (2014) et Manhunt (2017). Ces dernières années, Hollywood a pourtant largement capitalisé sur le style de John Wu – que certains ont nommé «gun-fu», à savoir du kung-fu avec des flingues – avec la franchise John Wick avec Keanu Reeves (quatre films à ce jour et un cinquième en préparation) et des séries B façon Nobody (2021).

Ce n’est donc qu’un juste retour des choses que de voir le réalisateur chinois à la barre de Silent Night, un film tonitruant (et sans dialogues, lire notre critique ci-contre) produit par la même équipe que John Wick. Un retour sur le devant de la scène sans tambour ni trompettes, mais assurément avec des balles qui fusent. Retour sur une carrière pétaradante.

 

Une influence française

Né dans le sud de la Chine en 1946, John Woo a déménagé à Hong Kong à l’âge de cinq ans, grandissant dans une extrême pauvreté. Son échappatoire était le cinéma, où le monde au grand écran était plus beau et plus sûr que la réalité brutale des gangs qui sévissaient dans son quartier. A l’adolescence, l’exploration filmique de John Woo a été élargie par une affluence de films européens, en particulier français, tels que ceux de François Truffaut et Jacques Demy. Ces longs-métrages ont profondément influencé sa perspective cinématographique.

A cette époque, John Woo a commencé à réaliser des films amateurs en utilisant une caméra 8 mm. Après ses études, il est devenu assistant de production et a ensuite réalisé plusieurs films d’arts martiaux, développant son style distinct et sa passion pour les séquences d’action.

En 1986, après un burn-out, le réalisateur alors âgé de 40 ans connaît un succès retentissant avec A Better Tomorrow (Le Syndicat du crime). Il a ensuite enchaîné les succès jusqu’en 1992, avec des films tels que The Killer, son chef-d’œuvre, ou A Bullet in the Head. Son départ pour Hollywood au milieu des années 1990 marque une nouvelle phase de sa carrière, travaillant avec des vedettes comme Jean-Claude Van Damme, John Travolta et Tom Cruise.

Justice et crime

Outre son style distinctif, les films de John Woo, qu’ils aient été réalisés à Hong Kong ou à Hollywood, partagent souvent un thème récurrent: la relation complexe entre un policier et un criminel. Woo explique que cette récurrence découle de son amour pour les polars de Jean-Pierre Melville et les films de gangsters américains des années 1940 et 1950. Le concept de justice revêt une importance particulière pour lui, peut-être en lien avec son passé marqué par les criminels de son quartier.

Le monde au grand écran était plus beau que la réalité brutale des gangs de son quartier

L’héritage de John Woo dans le cinéma d’action reste indéniable, alliant audace, liberté artistique et exploration de thèmes profonds au sein du genre. On en trouve des traces visibles aussi bien chez les sœurs Wachowski (The Matrix) que chez Quentin Tarantino, qui a notamment rendu hommage au maître du gun-fu dans son film Jackie Brown, où le trafiquant d’armes Samuel L. Jackson explique à l’ex-taulard Robert De Niro que ses clients, des gangsters de Los Angeles, veulent tous des Colt.45 pour faire comme Chow Yun-fat dans The Killer.

 

Un exercice de style

Un célèbre dicton en anglais nous dit que les actions parlent plus fort que les mots (actions speak louder than words). C’est le concept de Silent Night, nouvel avatar des producteurs de la saga John Wick. Une série B qui surfe sur la vague du retour des fusillades stylisées sous adrénaline mais qui a la bonne idée de redonner une chance au légendaire cinéaste hongkongais John Woo, quasiment l’inventeur du genre. Nous sommes à la veille de Noël et Brian Godlock (Joel Kinnaman, acteur suédois vu dans la série The Killing) mène sa vie de père de famille sans histoires.

Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus