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Le FIFF couronne un film ukrainien

Le film Klondike a remporté samedi sans surprise le Grand Prix du 36e Festival international du film de Fribourg


27 mars 2022 à 20:34

Fribourg » Ce long-métrage viscéral porte en lui une telle force qu’il ne pouvait en être autrement. Klondike, de la cinéaste ukrainienne Maryna Er Gorbach a sans surprise remporté le Grand Prix du 36e Festival international du film de Fribourg (FIFF).

Œuvre choc qui «impose une vision et un propos d’une ampleur exceptionnelle» selon le Jury international, Klondike est inspiré d’une histoire vraie. Ce portrait d’une femme enceinte qui refuse de quitter sa maison dans le Donbass, alors que les troupes des séparatistes russes prennent possession de son village restera à n’en pas douter gravé dans les esprits.

Maryna Er Gorbach, qui est, pour le Jury du FIFF, une «réalisatrice qui jouera un rôle majeur dans le cinéma international ces prochaines années», était visiblement très émue samedi soir devant le grand écran de l’Arena où la cérémonie de clôture s’est déroulée. Accompagnée de son conjoint Mehmet Bahadir Er, producteur du film, la cinéaste ukrainienne a dédié son prix à ses compatriotes qui souffrent de la guerre. Le long-métrage a également récolté le Critic’s Choice Award ainsi qu’une mention spéciale du Jury des jeunes Comundo à qui la réalisatrice a offert un drapeau bleu et jaune.


Plus de 43 000 entrées

Ce triomphe trouve bien évidemment un écho au regard de l’actualité, et couronne une 36e édition du FIFF qui se voulait rassembleuse après deux années chamboulées par le Covid. Le festival a ainsi multiplié les émotions autour du cinéma post-apocalyptique, de l’Angola, de l’Afghanistan, de l’Albanie, du Kosovo ou encore de la question controversée de la cancel culture et même des jeux vidéo présents au FIFF pour la première fois. Cette programmation riche et osée, confortée par un déploiement dans la ville de Fribourg plus large encore cette année, a permis au festival de retrouver le nombre d’entrées d’avant la pandémie puisqu’il aura touché plus de 43 000 cinéphiles, égalant l’édition record de 2019. «Imaginer revenir au succès des éditions d’avant était complètement inespéré pour nous», confie Mathieu Fleury, président de l’Association du FIFF.

Pour sa récompense principale, le Jury des jeunes a primé Amira de l’Egyptien Mohamed Diab. Le Prix du public a quant à lui été décerné – par plus de 10 000 spectateurs – au mélodrame musical Broken Keys du Libanais Jimmy Keyrouz. Deux autres longs-métrages se sont en outre distingués: Brighton 4th du Géorgien Levan Kuogashvili (Prix spécial du Jury international) et le film mexicain La Civil, de Teodora Ana Mihai (Prix du Jury œcuménique). «Le FIFF est un trait d’union», relève le directeur artistique Thierry Jobin. «Grâce à ce public qui nous accorde une confiance folle, nous pouvons explorer des territoires inédits, oubliés, méconnus ou cachés avec l’assurance d’obtenir, pour les cinéastes qui, partout, démontrent qu’il n’y a pas d’espoir sans art, une attention presque inimaginable en ces temps où le dialogue et le partage sont défiés par le recours aux réseaux sociaux. Jamais, peut-être, le FIFF n’aura été plus nécessaire que cette année.»

«Le FIFF est un trait d’union»
Thierry Jobin

Mais s’il a tiré sa révérence hier, le FIFF jouera tout de même les prolongations. Le festival proposera ainsi une programmation dans la ville de Bulle les 9 et 10 avril prochains. Sans oublier un déploiement sur les plateformes en ligne sur Play Suisse ainsi que sur Festival Scope qui propose dès aujourd’hui 18 films en libre accès.
 

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Un retour gagnant


Cela devait être l’édition des retrouvailles, celle qui rassemble après deux années d’une pandémie qui a mis dans les cordes le secteur culturel. Mais avec 43 000 entrées – égalant l’année record 2019 – on peut dire que le FIFF a réussi son retour. Avec un accent porté sur le bilinguisme – la quasi-totalité des films étaient pour la première fois aussi sous-titrés en allemand – et des ponts lancés vers d’autres univers tels que celui des jeux vidéo, le festival a su se renouveler et ratisser large. Un signe positif pour l’avenir mais dont la pérennisation est conditionnée à un financement que l’on sait incertain.

Mais cette édition ne s’est pas faite sans remous. La section consacrée à la Context culture – par opposition à la cancel culture – n’a pas manqué de faire réagir certaines associations féministes. Comme quoi, on peut poursuivre les mêmes objectifs et ne pas être forcément d’accord sur le chemin pour y parvenir. D’autre part, le secteur du cinéma va mal. Le prix des films a pris l’ascenseur et les distributeurs sont plus frileux. En témoignent une compétition en dents de scie et un avenir bouché pour des films qui, en d’autres temps, auraient trouvé le chemin des salles helvétiques. Olivier Wyser
 

trois questions à thierry jobin


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