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Écrans

Sorties cinéma. la Mongolie a du talent

Entre grands espaces et traditions, les steppes mongoles sont pourtant menacées

Le jeune Amra et son père luttent contre les sociétés qui exploitent le sous-sol des steppes fragiles de Mongolie.

11 mai 2021 à 17:08

Les Racines du monde » Dès les premières secondes, le panorama emplit la largeur de l’écran. Une chaîne de montagnes perdue dans la brume dessine l’horizon tandis qu’une plaine quasi désertique s’étend à ses pieds. Un nuage de fumée semble s’élever de ce qui ressemble à une route serpentant dans ce décor puissant et irréel. Sommes-nous dans un western? Posons-nous le regard sur les plaines du Gondor dans Le Seigneur des anneaux? Rien de tout cela. Bienvenue dans un pays bien tangible: la Mongolie.

«Quand le dernier filon d’or aura été tiré de la terre, le monde tombera en poussière.» Telle est la chanson traditionnelle qu’Amra, un petit garçon de 12 ans, rêve d’interpréter sur la scène du télé-crochet «La Mongolie a un incroyable talent». Avec sa famille, il vit au sein d’une communauté de nomades dans les steppes infinies. Sa maman élève des chèvres, son papa, mécanicien, vend aussi les fromages sur les marchés.

Mais ce mode de vie traditionnel est menacé par des sociétés minières internationales qui creusent la région en quête d’or. Le père d’Amra sillonne inlassablement ces contrées perdues au volant de sa très vieille Mercedes rafistolée et organise la résistance contre l’exploitation de ces terres. La tragédie s’abat hélas sur la famille et Amra doit faire un choix: vivre son rêve ou poursuivre le combat de son père.

Mais si la reconstitution du mode de vie des nomades est ici finement réalisée, c’est bien le souffle de l’histoire qui emporte Les Racines du monde.

La réalisatrice Byambasuren Davaa signe ici son premier film de fiction, mais l’héritage de sa carrière de documentariste affleure. La cinéaste mongole – établie en Allemagne – avait notamment été nominée aux Oscars il y a quelques années pour son documentaire L’Histoire du chameau qui pleure. Mais si la reconstitution du mode de vie des nomades est ici finement réalisée, c’est bien le souffle de l’histoire qui emporte Les Racines du monde. Traversé d’éclairs poétiques, le film est un magnifique récit initiatique porté par l’épatant Bat-Ireedui Batmunkh. Le jeune garçon ouvre les yeux sur les terribles réalités qui font planer une ombre délétère sur son mode de vie. Un message nécessaire et universel qui porte bien plus loin que les frontières des sauvages steppes de Mongolie.

Non sans une pointe de naïveté, ce long-métrage tourné à hauteur d’enfant témoigne à la fois de la vitalité du cinéma de son pays et d’enjeux internationaux. Au final, les grands espaces, les belles images et la sincérité de ce film au cœur pur, résolument taillé pour un public familial, l’emportent. De quoi voyager à l’autre bout du monde l’espace d’un instant magique.

Les Racines du monde

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