La Chimera est un film étonnant et intéressant à creuser

Troisième volet d’un triptyque autour de l’Italie rurale après Le Meraviglie (2014) et Lazzaro Felice (2018), ce nouveau long-métrage d’Alice Rohrwacher est encore une fois le portrait d’individus vivant en marge de la société et, de préférence, en communauté. Un groupe d’où émerge une figure solitaire. Celle d’Arthur, un mystérieux étranger apparemment sans attaches qui est, à sa sortie de prison et pour son curieux don de repérer les espaces vides, récupéré par des «amis» pilleurs de tombes pour déterrer et revendre des trésors étrusques enfouis depuis des siècles sous la terre. Bien qu’il soit possible de rattacher le film à un genre de réalisme poétique, il est difficile (et c’est un compliment) de le ranger dans une case unique tant il mélange les tons, les styles, et traduit le désir sincère et payant de la réalisatrice de tout fusionner. L’intrigue se passe dans les années 1980 mais parle d’une civilisation ancienne, le casting est hétéroclite, la texture des images varie (bien que toujours en pellicule) et la bande sonore va des nappes électroniques de Kraftwerk à la musique d’époque en passant par des chants de troubadours. Ce foisonnement de références et ces inspirations diverses lui donnent toute sa richesse mais malgré cette constante vitalité, le film souffre parfois d’un manque de tonicité. Il reste malgré tout longtemps en tête et se bonifie à force d’y repenser. Ce qui constitue indéniablement la marque d’une œuvre importante et intéressante à creuser…