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«L’Innocence». Kore-eda explore les mystères de l’enfance

Le réalisateur japonais Hirokazu Kore-eda raconte l’enfance dans un film au dispositif narratif complexe. Entre découverte de l’homosexualité et harcèlement scolaire, L’Innocence a remporté le Prix du scénario au Festival de Cannes.

null © Cineworx

31 décembre 2023 à 20:05

Cinq ans après sa Palme d’or pour Une Affaire de famille, Hirokazu Kore-eda revient avec L’Innocence. Le film, dont le titre international est Monster, a remporté le prix du scénario au dernier Festival de Cannes ainsi que la Queer Palm, tout en générant des débats passionnés quant à son approche narrative et à ses thématiques.

Initialement ancré dans le quotidien de Saori et de son fils Minato, le film prend rapidement une tournure inattendue, adoptant une structure narrative en trois temps sur fond de harcèlement scolaire. Les mêmes péripéties sont ainsi racontées de points de vue différents. Un triptyque mystérieux explorant les méandres de l’adolescence et les failles d’une société japonaise réputée pour son silence face aux problèmes. Si cette audace a valu à Kore-eda des éloges, elle a également soulevé des critiques quant à une potentielle complexité artificielle. Le procédé, bien que novateur, peut en effet compliquer inutilement une histoire en apparence pourtant simple.

Une part d’ambiguïté qui peut s’avérer soit stimulante, soit frustrante

L’Innocence ne se contente pas d’explorer les dynamiques familiales, domaine de prédilection du réalisateur. Il plonge dans les mystères de l’enfance et des relations humaines, dépeignant les petits manquements relationnels du quotidien. Les non-dits, les mensonges et les pressions sociales deviennent des éléments déclencheurs d’une désynchronisation subtile entre les enfants et leurs proches.

Ludique et complexe

Le scénario, simple de prime abord, se dote de symboles complexes et de dispositifs aux dénouements redoutablement efficaces. Les éléments récurrents tels que le feu et l’eau créent des points de concordance, tandis que des détails apparemment mineurs, comme une chaussure enlevée, ajoutent des nuances à l’interprétation. Kore-eda ne vise pas seulement à illustrer la répression de l’homosexualité, mais à explorer les fautes ordinaires qui engendrent le mal-être de son jeune héros.»

La démarche narrative, bien que souvent ludique, risque pourtant de dérouter les spectateurs moins enclins à embrasser la complexité des récits non linéaires. La fuite en avant finale, bien que capturée avec une caméra passionnée, peut sembler délibérément énigmatique, laissant une part d’ambiguïté qui peut s’avérer soit stimulante, soit frustrante.

L’Innocence offre donc une expérience cinématographique riche en émotions et en réflexions, mais son approche complexe pourra diviser. Entre éclats narratifs et ambiguïtés humaines, le film d’Hirokazu Kore-eda offre un terrain fertile pour la discussion et la réflexion, tout en demandant au spectateur une ouverture d’esprit face à des choix qui oscillent entre la brillance et la surenchère dans la complexité.

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