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Écrans

Ils voient la mort en rose

Drame teinté de SF, The Pink Cloud est un film prophétique sur l’enfermement

De jolis nuages roses envahissent la planète. Mais ne vous fiez pas à leurs faux airs de Barbapapa, cette brume est délétère.

30 mars 2021 à 17:29

The Pink Cloud » «Toute ressemblance avec des faits réels ou ayant existé est purement fortuite.» Lorsque cette phrase pourtant si familière apparaît sur un carton au début de The Pink Cloud, on croit rêver. Et pour cause, le long-métrage de la Brésilienne Iuli Gerbase nous raconte… un confinement. Tout commence avec d’étranges nuages roses envahissant le ciel. Rien de mièvre là-dedans puisque cette brume s’avère mortelle pour quiconque la respire. Le phénomène délétère se répand sur la planète entière, forçant la population mondiale – celle qui le peut – à vivre retranchée dans les maisons, les appartements ou tout autre bâtiment fermé. Pour Giovana et Yago, ce confinement soudain n’est pas forcément vécu comme un calvaire, du moins dans un premier temps. Le couple vient de se rencontrer et de passer une première nuit ensemble. La perspective d’un temps suspendu entre amoureux n’est donc pas si affreuse. Mais plus le temps passe, plus les personnalités se révèlent. La promiscuité devient impossible à gérer et la folie s’installe. Jusqu’à la fin du monde?

Ecrit en 2017 puis tourné en 2019, The Pink Cloud n’a rien d’opportuniste. La résonance avec la pandémie mondiale de Covid-19 est toutefois inévitable. Pensé comme un drame teinté de science-fiction, le film revêt désormais une dimension prophétique évidente. D’autant plus qu’il n’est pas rare de se reconnaître dans les situations que traversent nos deux antihéros. Le télétravail, les visioconférences avec des proches éloignés, le recours à la technologie pour continuer tant bien que mal à vivre, la dépression qui s’installe, le sentiment de revivre sans cesse la même journée… Tout y est. Ce film étrange et visionnaire, sélectionné en compétition au dernier festival de Sundance, est présenté en première suisse sur la plateforme Filmingo.

Un drame surtout humain

Iuli Gerbase, qui signe ici son premier long-métrage de fiction, n’est pas intéressée par le volet scientifique de son dispositif. De ces nuages tueurs, on ne saura pas grand-chose. Ni d’où ils viennent, ni pourquoi ils ne disparaissent pas… Le décor est subtilement planté et l’ambiance dystopique oppressante: le gouvernement tente dans un premier temps d’installer un système de «tubes» pour ravitailler la population avec des drones. Mais c’est bien le drame humain qui est au cœur du récit.

De ces nuages tueurs, on ne saura pas grand-chose. Ni d’où ils viennent, ni pourquoi ils ne disparaissent pas…

«L’enfer, c’est les autres», écrivait Jean-Paul Sartre. La réalisatrice Iuli Gerbase propose ici sa propre interprétation de Huis clos, non sans le passer à la moulinette du film de genre – on n’est pas loin de Carpenter! Le résultat est bluffant de maîtrise. Même s’il tire certaines séquences en longueur, The Pink Cloud est une réussite.

The Pink Cloud

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