Logo

Écrans

Hommage au métier de comédien dans «Les Amandiers»

Valeria Bruni Tedeschi raconte sa fiévreuse jeunesse au Théâtre des Amandiers

Louis Garrel (au centre) est le charismatique Patrice Chéreau, ici avec deux jeunes talents: Nadia Tereszkiewicz et Vassili Schneider.

20 décembre 2022 à 13:36

Les Amandiers » La cinéaste Valeria Bruni Tedeschi décrit volontiers ses films comme «autobiographiques et fantasmés». C’était notamment le cas avec sa précédente réalisation, Les Estivants (2018), et ça l’est à nouveau pour Les Amandiers, qui sort cette semaine sur les écrans fribourgeois en léger décalage avec le calendrier officiel. Une occasion à ne pas manquer de découvrir ce long-métrage autofictionnel, sans doute l’un des plus réussis de la réalisatrice d’Un Château en Italie et de Les Trois Sœurs.

Nous sommes à la fin des années 1980, à Paris et dans sa banlieue. Ils ont 20 ans et s’appellent Stella, Victor, Etienne ou Adèle… Tous déballent leurs tripes devant un implacable et sarcastique jury afin d’intégrer la prestigieuse école créée par Patrice Chéreau et Pierre Romans au Théâtre des Amandiers, à Nanterre. Un endroit où l’on apprend à jouer avec des méthodes peu communes, proches du célèbre Actors Studio, à New York. Cette troupe bruyante est à la fois hypnotisée par les charismatiques maîtres des lieux et animée d’une folle énergie qui pousse à tous les excès. Ils se lancent à cœur perdu dans la vie, s’aiment, se déchirent et vivent aussi leurs premières tragédies d’adultes.

Personne n’est épargné

Avec ce film, Valeria Bruni Tedeschi livre un bel hommage au métier de comédien en romançant sa propre expérience d’élève au Amandiers. Mais alors que la cinéaste aurait pu tomber dans la célébration béate, elle choisit plutôt la voie de la désacralisation. A commencer par la figure tutélaire de Patrice Chéreau (Louis Garrel) – décédé en 2013 –, qui n’est pas ménagé. On le découvre comme un homme bourgeois au très mauvais caractère. Un portrait éloigné de l’image que se fait le public de ce personnage marquant du théâtre et du cinéma. Mais l’’objectif n’est pas ici de casser le mythe mais plutôt de rappeler qu’il vaut mieux admirer les œuvres que leurs auteurs.

Valeria Bruni Tedeschi choisit la voie de la désacralisation

Les élèves de l’école aussi ne sont pas épargnés. On les découvre outranciers, maniérés, voire grotesques en certaines occasions. Mais derrière, il y aussi des nuits de répétition et un travail acharné. Cette saine distance employée par Valeria Bruni Tedeschi sert son propos. La cinéaste loue la passion et l’implication de ces comédiens en herbe (notamment Nadia Tereszkiewicz et Vassili Schneider). Elle peint aussi le portrait fiévreux d’une génération remuante, celle des années sida, des drogues dures et des Rita Mitsouko. Une noirceur qui fait écho aux tourments de notre époque.

Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus