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FIFF. Gérard Depardieu en chef étoilé voulant percer les secrets de l’«umami»

Slony Sow met en scène Gérard Depardieu en chef étoilé en quête de sens au Japon

FIFF. Interview Slony Sow, réalisateur Photo Lib/Alain Wicht, Fribourg le 20.03.2023Alain Wicht/Alain Wicht/La Liberté

Raphaël Kadishi

Raphaël Kadishi

21 mars 2023 à 18:07

Festival du film » On ne pouvait pas rêver meilleure mise en bouche pour le Festival du film de Fribourg 2023 que le film Umami, projeté lors de la soirée d’ouverture. Dans cette comédie, Gérard Depardieu est un chef étoilé qui se rend au Japon pour percer les secrets de l’umami, une saveur mystérieuse découverte sur l’archipel. Ce long-métrage qui affiche également à son générique Pierre Richard et Sandrine Bonnaire nous emmène sur les chemins universels de la quête existentielle. Projeté plusieurs fois durant la semaine, il sortira le 17 mai prochain sur les écrans romands.

Son réalisateur Slony Sow, cinéaste français qui vit au Japon depuis 2016, était de passage à Fribourg pour présenter son film. Le FIFF a en effet cette année pour fil rouge la cuisine et les plaisirs de la table. L’occasion pour Slony Sow de goûter aux spécialités locales et de partager en vrai les moments de convivialité qu’il met si bien en scène. Rencontre.

Qu’est-ce donc que cet «umami» qui donne son nom au film?

Slony Sow: L’umami est un exhausteur de goût, la cinquième saveur du palais après le salé, le sucré, l’acide et l’amer. Ce sont les Japonais qui l’ont révélé. Mais il y a une part de mystère quant à sa définition réelle. En Occident nous avons le glutamate que l’on trouve partout pour relever les aliments. Mais il faut savoir que le vrai umami se trouve naturellement dans certains aliments comme le dashi, le bouillon japonais, ou aussi dans la tomate cuite ou le parmesan. C’est ce petit goût de reviens-y.

On comprend vite que cette quête de l’umami est un prétexte…

Comme pour beaucoup de choses dans la vie nous avons besoin de raisons anecdotiques pour aller chercher des choses métaphysiques plus profondes. Ce personnage qui est dans la maîtrise de tout s’aperçoit un beau matin qu’il n’a rien en réalité. A travers cette recherche un peu absurde il va apprendre à se reconnecter avec son existence.

La nourriture est-elle selon vous un plaisir universel?

«La nourriture est le vecteur de partage le plus puissant au monde» 
Slony Sow

La première chose que l’on fait quand on va dans un pays c’est de se demander où on va manger. Certaines personnes sont aventureuses et recherchent une authenticité locale alors que d’autres emportent avec elles leur nourriture. De mon côté j’ai mangé quatre fondues en trois jours depuis que je suis à Fribourg (rires).

Gérard Depardieu n’avait jamais interprété un chef de cuisine au cinéma. Pourtant cela s’imposait. Vous le connaissez depuis longtemps, semble-t-il...

Lui et moi c’est comme un match Tinder (rires). Il y a une douzaine d’années je voulais réaliser un court-métrage qui parlait de vin et mon producteur m’a dit «j’ai un acteur pour toi, c’est Gérard Depardieu». Je me suis dit d’abord qu’il était mythomane, mais en fait non. Le film s’est fait, puis une suite quelques années après, toujours avec lui. Je me suis dit qu’il était temps de penser à un long-métrage.

Votre film est aussi l’occasion pour Gérard Depardieu de retrouver son vieil acolyte Pierre Richard…

J’avais besoin d’un vieux copain pour Gérard Depardieu et Pierre Richard était une évidence. Ils sont tellement potes… On dirait deux frères qui reprennent les choses là où ils les ont laissées la dernière fois qu’ils se sont vus, même si c’était il y a des années.

«Je voulais impérativement montrer une région que les gens n’ont pas l’habitude de voir»
Slony Sow

Vous aviez des consultants culinaires sur le tournage?

J’avais mieux que ça: tous les gens qu’on voit en cuisine dans le film sont d’immenses professionnels. Il y a même un chef étoilé qui nous a prêté son restaurant pour le tournage. Il y a des gestes qu’on ne peut pas reproduire si on n’est pas cuisinier. Cela a énormément aidé Gérard à rentrer dans son personnage.

Où a été tournée la partie japonaise du film?

Je voulais impérativement montrer une région que les gens n’ont pas l’habitude de voir. Nous sommes allés sur l’île d’Hokkaido, près de la ville de Sapporo. Nous avons volontairement tourné en hiver pour représenter la détresse de notre héros. C’est un Japon particulier, qui a moins été attaqué par la modernité. Et puis c’est l’île des ramens! Nous avons filmé dans un vrai restaurant qui est resté ouvert durant tout le tournage.

Votre rapport avec la nourriture semble être presque de l’ordre du sacré!

Pour moi la nourriture c’est le vecteur de partage le plus puissant au monde. Manger est presque comme une prière. La nourriture est une nécessité vitale et c’est une des valeurs premières de l’existence au même titre que dormir ou se reproduire. C’est une chose très animale et lorsqu’on ne l’accomplit pas on devient névrosé. On retrouve de la nourriture dans la joie comme dans la peine, aux mariages comme aux enterrements. Manger c’est une célébration.

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