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Écrans

Gaza, l’amour sous les bombes

Les frères Nasser signent une comédie amoureuse ancrée dans le quotidien de Gaza

Bien que ravagée par les conflits, Gaza est une ville dans laquelle fleurit l’amour.

5 octobre 2021 à 15:13

Gaza mon amour » Long-métrage présenté en compétition au dernier Festival international de films de Fribourg (FIFF), Gaza mon amour trouve le chemin des salles helvétiques. L’occasion rêvée de (re) découvrir cette comédie romantique très réussie des jumeaux Arab et Tarzan Nasser, découverts en 2015 à la Semaine de la critique cannoise avec leur premier film, Dégradé. Gaza mon amour, leur second long-métrage, aborde la question palestinienne avec subtilité et un bonne dose d’humour.

La soixantaine joyeuse, pêcheur de son état, Issa (Salim Daw) est amoureux en secret de sa voisine couturière Siham (Hiam Abbass). Un jour, l’homme remonte dans ses filets une statue d’Apollon. En la ramenant chez lui, il lui brise le phallus… Serait-ce un présage? Lorsque la police du Hamas perquisitionne son domicile et trouve la statue, c’est le début des ennuis pour Issa, qui se voit accusé de recel d’antiquités. Ses projets de demande en mariage se voient soudainement contrariés.

Humour et résilience

Vu de chez nous, la bande de Gaza est un territoire dont l’image est façonnée par les reportages télévisés et les articles de journaux. Avec leur cinéma inventif, les frères Nasser donnent à voir leur réalité d’une manière nouvelle. Pas moins grave, mais résolument plus colorée. Bien sûr, la ville est ici toujours minée par les conflits, ses rues sales demeurent dangereuses et le quotidien des habitants est rythmé par les coupures d’électricité et la difficulté à joindre les deux bouts. Mais avec les deux cinéastes trentenaires, Gaza est aussi une scène à contre-emploi où fleurissent l’amour, la malice et les éclats de rire.

Là où les frères Nasser réussissent leur pari, c’est en refusant catégoriquement de verser dans le misérabilisme.

Impossible de ne pas voir dans ce film des clins d’œil à d’autres cinéastes bien connus et partageant avec les réalisateurs le goût de la poésie inattendue. On pense notamment à Alain Resnais et son Hiroshima mon amour ou au Finlandais Aki Kaurismäki dans la manière si douce de filmer des horreurs. Mais là où les frères Nasser réussissent leur pari, c’est en refusant catégoriquement de verser dans le misérabilisme. Leurs personnages ne sont pourtant guère épargnés par le sort, mais ils trouvent toujours un moyen de rebondir et de tirer le meilleur parti de situations difficiles et en apparence sans espoir.

C’est avec cet esprit résilient que le film attaque des thématiques on ne peut plus lourdes et sérieuses telles que le fondamentalisme religieux, le poids de la famille ou le régime politique inquisiteur. Volontairement décalée, résolument heureuse et positive, cette comédie permet de regarder d’un œil neuf les enjeux politiques complexes qui se nouent à Gaza.

Gaza mon amour

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