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Écrans

«Reste un peu». Gad Elmaleh en crise de foi

Le célèbre comique revient derrière la caméra pour raconter son dilemme religieux

Gad Elmaleh filme sa vie entre fiction et réalité avec ses vrais parents Régine et David Elmaleh.

15 novembre 2022 à 13:09

Reste un peu » «Je suis né à Casablanca. J’ai été élevé dans une famille juive séfarade traditionaliste. Quand j’étais enfant j’étais entouré de musulmans, de juifs et de chrétiens aussi. On avait dans nos quartiers des synagogues, des mosquées et des églises. On partageait beaucoup de choses, mais entre enfants juifs et musulmans il y avait un point commun très fort: une interdiction suprême de nos parents d’entrer dans les églises. C’était interdit, c’était grave. Et nous, on se demandait ce qu’il pouvait y avoir de si mystérieux dans ces églises, de si secret…»

C’est sur le ton de la confidence que Gad Elmaleh entame en voix off son deuxième long-métrage (après le très mitigé Coco, en 2009) qui s’ouvre sur des images tournées dans les rues de Casablanca, au Maroc, et qui bascule ensuite sur un montage d’archives photographiques de son enfance, avant de s’arrêter aujourd’hui, à Paris. Dans Reste un peu, le célèbre comique livre une partie méconnue de sa personnalité, celle d’un homme pieux, qui quitte la religion juive transmise par ses parents pour devenir catholique, en commençant par son propre baptême.

Le «scrutin» familial

Pour faire son coming out, il choisit une forme hybride qui oscille entre comédie de fiction et documentaire en immersion. Le Gad Elmaleh du film rentre à Paris après un séjour de trois ans aux Etats-Unis où il a connu un grand succès, notamment à Las Vegas et à Los Angeles. Mais sa famille et ses amis lui manquent. Alors qu’il passe la nuit chez ses parents – interprétés par les vrais David et Régine Elmaleh – sa mère découvre une Sainte Vierge dans la valise de son fils et ouvre ainsi la boîte de Pandore.

«Entre enfants juifs et musulmans il y avait un point commun très fort: une interdiction suprême de nos parents d’entrer dans les églises»
Gad Elmaleh

Derrière et devant la caméra, Gad Elmaleh pose un regard attentif sur sa famille et sur ceux qu’il aime. Un «scrutin», comme il l’explique dans le métrage, empruntant un terme ecclésial qui signifie: «examiner sa progression dans la vie chrétienne». Dans le film, on croise également sa sœur Judith Elmaleh, le Père Barthelemy ou la rabbine Delphine Horvilleur. Des comédiens improvisés qui côtoient des personnages de fiction, pour certains inspirés de véritables rencontres.

Les limites de l’exercice

La première surprise de Reste un peu est l’aisance de Gad Elmaleh à mettre en scène son questionnement interne et son quotidien intime. Quelques éclairs de comédie traversent son film mais l’essentiel n’est pas de se poiler mais plutôt de «penser avec son cœur». Le réalisateur documente pas à pas sa crise de foi et met sur la table de nombreuses questions, notamment sur le dialogue interreligieux dans la société française, parfois sur le ton de l’humour, parfois en étant plus sérieux. Assurément de grandes questions que Gad Elmaleh aborde avec une certaine humilité, celle de celui qui ne prétend pas tout savoir.

Le spectateur se demandera sans cesse où est la vérité dans ce dispositif préparé

Des intentions sincères qui trouvent leur limite dans une forme brinquebalante. Comment croire à la spontanéité des réactions outrées de ses proches alors que tout est joué et scripté? Le spectateur se demandera sans cesse où est la vérité dans ce dispositif trop préparé… De plus, le fait même de faire jouer aux vrais membres de sa famille leurs propres rôles pose quelques problèmes de direction d’acteur qui se voient à l’écran parfois de manière flagrante.

Reste le regard intime de Gad Elmaleh sur lui-même et sur sa famille, rehaussé par les très belles compositions signées Ibrahim Maalouf. Un pari risqué mais qui peine à convaincre malgré l’envie évidente de bien faire.

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