Blockbuster. Dune 2, retour triomphal sur la planète Arrakis

A la sortie de Dune, en 2020, nombreux étaient ceux qui résumaient le space opéra à un «Star Wars pour adultes». Au-delà du slogan galvaudé, les efforts du réalisateur canadien Denis Villeneuve pour adapter le roman culte de Frank Herbert ont en réalité beaucoup plus en commun avec la trilogie du Seigneur des anneaux de Peter Jackson. Les deux sagas parviennent en effet à transposer sur le grand écran une mythologie littéraire dense et complexe en un spectacle à la fois novateur et accessible. C’est d’autant plus évident maintenant que Dune: Deuxième partie débarque dans les salles obscures avec splendeur et fracas.

Cette suite, qui sera vraisemblablement le film intermédiaire d’une trilogie (l’écriture du scénario de Dune 3 ayant été confirmée par Denis Villeneuve) s’apparente aux Deux tours de Peter Jackson: un blockbuster tonitruant qui amplifie l’identité forte et imposante du premier volet tout en traçant de nouvelles pistes scénaristiques pleines de promesses.

Ce nouveau film reprend immédiatement après l’annihilation de la Maison Atréides par les puissants et terrifiants Harkonnen. Le duc Paul Atréides (Timothée Chalamet) et sa mère Lady Jessica (Rebecca Ferguson) se cachent parmi les Fremen, le peuple autochtone de la planète désertique Arrakis. Le glaçant baron Harkonnen (Stellan Skarsgard), qui vient de tromper la mort, cherche à reprendre rapidement le contrôle de la récolte de l’Epice, une ressource naturelle inestimable présente uniquement sur Arrakis et indispensable aux voyages intergalactiques. L’histoire se dévoile alors en une fascinante fresque entre guerres, intrigues et destinées.

Autant le dire tout de suite, résumer pour le cinéma la construction sophistiquée des enjeux politiques spatiaux et du mythe messianique de Frank Herbert n’est pas une mince affaire. Denis Villeneuve et son scénariste Jon Spaiht parviennent pourtant à rendre l’ensemble intelligible et digeste sans trop de sacrifices. Les intérêts liés à l’Epice, le sang vital de l’économie de ce futur très lointain (nous sommes en l’an 10 191), ou les manipulations des différentes familles pour asseoir leur pouvoir sont clairement énoncés.

Le juste équilibre

En prenant quelques libertés avec le roman, notamment en développant les personnages féminins qui, sur le papier noirci par Herbert dans les années 1960 s’effaçaient, Denis Villeneuve compose une partition réellement grandiose qui n’est pas sans rappeler le souffle épique d’un Lawrence d’Arabie. Le cinéaste développe des thèmes qui trouvent dans cet univers lointain une résonance avec notre bas monde. Des guerres et des manipulations stratégiques pour obtenir le contrôle de ressources se raréfiant? Des mécaniques religieuses qui poussent au fanatisme? Nul besoin d’être grand clerc pour voir sur quel terrain le film nous emmène.

Un juste équilibre entre séquences d’action, récit initiatique et moments de pure contemplation

Mais cette richesse thématique ne serait rien sans une exécution sans faille. Et sur ce point, Villeneuve réussit un quasi sans faute. Son film parvient au juste équilibre entre séquences d’action au gigantisme à couper le souffle, récit initiatique à fleur de peau et moments de pure contemplation. Rarement un désert, certes scintillant d’Epice, n’aura autant donné de frissons. Les décors brutalistes et imposants tout comme les costumes oscillant entre technologie futuriste et classicisme antique participent aussi à donner vie à cette fascinante planète.

Une pluie d’étoiles

Et pour peupler cet univers si magnifiquement construit, rien de tel qu’une pluie d’étoiles. Le casting est en effet composé quasi uniquement d’immenses stars dont la liste donne le vertige. Outre Timothée Chalamet dans le costume de Paul Atréides et Zendaya dans celui de Chani, guerrière dont le scepticisme théologique s’oppose à la ferveur de son peuple, on retrouve quelques très grands du septième art. Notamment l’immense et magnétique Christopher Walken dans la peau de l’empereur Shaddam IV. Le reste est à l’avenant: Rebecca Ferguson, Charlotte Rampling, Léa Seydoux, Josh Brolin, Dave Bautista, Florence Pugh ou encore le nouveau chouchou de Hollywood Austin Butler (qui incarnait Elvis l’année passée) dans le rôle clé du cruel Feyd-Rautha Harkonnen.

Grâce à sa construction très solide et ses splendides images, Dune: Deuxième partie est bel et bien le blockbuster de science-fiction élégant, intelligent et épique que tout le monde attendait. Denis Villeneuve parvient à créer un univers cohérent où s’épanouissent des personnages complexes, nuancés et ambigus. Du pur Dune en quelque sorte.