Logo

Écrans

Ces héros neuroatypiques des séries télé

Plusieurs séries ont des héros neuroatypiques. Le point avec la psychologue Rachel Marchitelli

Astrid (Sara Mortensen, à g.) est une documentaliste autiste en duo avec Raphaëlle (Lola Dewaere) dans une série visible sur la RTS.

20 décembre 2022 à 02:01

Temps de lecture : 1 min

Ecrans » Contre toute attente, ces héros de séries résolvent les affaires sur lesquelles leurs collègues se sont cassé les dents. On ne les prend pas au sérieux au premier abord car ils ne sont pas des neurotypiques, c’est-à-dire qu’ils n’ont pas un fonctionnement neurologique considéré dans la norme. Cette différence leur permet pourtant d’observer les dossiers avec un regard original. Monk scrute les scènes et les gens au travers de ses TOC (troubles obsessionnels compulsifs) et de ses nombreuses phobies, la femme de ménage Morgane Alvaro défie les cerveaux moyens grâce à son QI très élevé dans HPI et Carrie Mathison souffrant d’un trouble bipolaire déploie une énergie herculéenne au service de la CIA dans Homeland. Le tout malgré leurs difficultés respectives avec le fonctionnement social standard.

Une des dernières fictions en date est la production franco-belge Astrid et Raphaëlle dont la troisième saison vient d’être diffusée sur la RTS (elle est toujours visible sur Play RTS). Dans ce traditionnel duo d’enquêtrices, Astrid est une documentaliste autiste, amatrice de puzzles et d’énigmes, capable de tisser des liens entre les dossiers et de diriger sa collègue Raphaëlle vers la bonne piste. Mais la série montre aussi son apprentissage des codes sociaux avec son groupe de parole, lève le voile sur sa souffrance et raconte sa manière de se frayer un chemin dans la société, encore davantage exploré dans la quatrième saison fraîchement tournée selon les informations distillées.

Sorti il y a quelques mois, Extraordinary Attorney Woo, une création coréenne faisant un carton sur Netflix, place également au centre une héroïne autiste, avocate cette fois-ci. On pourrait encore citer Atypical ou The Good Doctor, diffusés sur la même plateforme et n’évoluant toutefois pas dans le monde des crimes. Interview de Rachel Marchitelli, psychologue à Bulle spécialisée dans l’autisme.

Avez-vous observé une augmentation du nombre de héros de séries n’étant pas neurotypiques?

Rachel Marchitelli: Nous avons peut-être simplement accès à davantage de séries en raison du développement des sites de streaming mais, en effet, plusieurs séries diffusées en ce moment comptent des héros neuroatypiques. D’un côté, elles montrent que les personnes autistes ou neuroatypiques font partie de la société mais, d’un autre, elles présentent des caractéristiques très marquées de ces troubles. Souvent, dans la vraie vie, elles passent beaucoup plus inaperçues, ce qui leur pose d’autres problèmes: des problèmes d’accès au diagnostic ou de reconnaissance de difficulté. De plus, si beaucoup de séries avec des personnages autistes sont diffusées en ce moment, il ne faut pas oublier qu’au moins 1% de la population est touchée.

Le spectre autistique est très large mais les séries en dépeignent en général un seul type: des personnes surdouées avec des difficultés sociales…

Nous avons tous une représentation de ce qu’est l’autisme, certaines personnes imagineront l’une ou l’autre extrémité du spectre, soit un génie avec des capacités intellectuelles incroyables, soit des personnes dépourvues de langage et souffrant de déficience intellectuelle. En plus de 20 ans de travail avec des personnes autistes, je n’ai eu que quatre ou cinq patients présentant des dons extraordinaires.

Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus