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Écrans

«Bas les masques» au Musée du cinéma de Lyon

Le Musée du cinéma rassemble l’une des plus grandes collections d’objets de tournage du monde


18 octobre 2022 à 15:49

Septième art » A voir leurs yeux écarquillés et leurs mines ébahies, on les croirait devant le tableau de La Joconde. Ce n’est pourtant qu’une planche d’hoverboard que ces visiteurs admirent. Usée, les couleurs effacées, le plastique à moitié rongé, mais qu’importe: utilisée par l’acteur américain Michael J. Fox dans Retour vers le futur, cette pièce originale est une relique pour les fans du film de Robert Zemeckis. «On est très fier de l’avoir, se vante Julien Dumont, le directeur du Musée du cinéma à Lyon. C’est un objet rare qui a marqué des générations entières. Il y en a peu dans le monde à être conservés dans cet état: l’an dernier, il s’en est vendu un exemplaire près d’un demi-million de dollars.»

«L’idée est de surprendre nos visiteurs, près de 300 000 par an»
Virginie Dumont

Juste à côté, exposées dans une vitrine, les baskets Nike autolaçantes utilisées par le personnage Marty McFly. «Pour donner l’illusion que les chaussures se laçaient toutes seules, les techniciens avaient placé un système mécanique dans une boîte, elle-même encastrée dans le trottoir. Si on regarde la scène au ralenti, on voit le raccord», sourit-il. Juste derrière, un autre objet pour le moins anodin attire notre attention. Peu de monde le regarde, et pourtant il est aussi connu que l’actrice qui l’a rendu célèbre: «C’est le parapluie de Mary Poppins, le vrai tenu par Julie Andrews en 1964. C’est une pièce unique, en parfait état de marche. Il appartenait à un technicien du film qui l’a légué à son fils», confie Julien Dumont.

500 pièces uniques

Depuis plus de trente ans, le Musée du cinéma à Lyon rassemble l’une des plus grandes collections d’objets de tournage du monde. Situé dans le quartier historique de Saint-Jean, il expose dans un bâtiment du XVe siècle près de 500 pièces authentifiées, masques, costumes, marionnettes, maquettes, prothèses, scénarios, storyboards, dessins préparatoires… Sans parler des réserves qui regorgent d’autres trésors cachés: «Voici le wagonnet modèle réduit qui a servi à filmer dans la mine les scènes de poursuite dans Indiana Jones, nous montre Julien. Ça, c’est le masque en faux bois que Jim Carrey enfile dans The Mask, et ça c’est l’un des gilets de sauvetage d’un passager du film Titanic.»

«Avant, ces objets étaient jetés à la poubelle»
Virginie Dumont

Une véritable caverne d’Ali Baba, amassée au fil des ans par l’ancien directeur du musée, Dan Ohlmann, parti à la retraite au printemps dernier. Julien Dumont, 36 ans, a pris la relève, passionné de septième art et incollable sur l’histoire de tous ces objets mythiques. «Sans eux, il n’y a pas de films. Que serait Madame Doubtfire sans le masque en latex de Robin Williams? Regardez-le, on a l’impression qu’il est réel. Les costumes de films, tous genres confondus, incarnent à eux seuls les personnages: Robocop, Batman…»

300 000 visiteurs par an

La plupart des pièces ont été récupérées auprès de plusieurs studios de tournage américains, à Los Angeles notamment. Certaines sont achetées aux enchères ou acquises auprès de collectionneurs du monde entier. «Il y a depuis quelques années un engouement sur ces objets. Avant, ils étaient jetés à la poubelle, ils étaient rarement stockés. Aujourd’hui, certains s’adjugent aux enchères à des prix complètement fous», confie Virginie Dumont, la sœur de Julien. Exemple: 183 000 dollars pour l’un des casques d’Ironman ou encore 2,3 millions de dollars pour le vaisseau de combat miniature X-Wing de Star Wars.

Dans quelques semaines, Julien doit d’ailleurs partir à Las Vegas pour récupérer une pyramide ayant servi au tournage du film Star Gate, la porte des étoiles: «On a besoin d’investir dans de nouveaux objets pour créer de nouvelles scénographies. L’idée est de surprendre nos visiteurs, près de 300 000 par an», poursuit Virginie.

2,3 millions

en dollars, la somme dépensée par un acheteur aux enchères pour le vaisseau de combat miniature X-Wing de Star Wars

Certaines font froid dans le dos tellement elles sont réalistes. Dans une des salles dédiée aux objets de films d’épouvante, un ruban noir, matérialisant une scène de crime, déconseille l’entrée aux jeunes enfants. Impossible de la manquer: la vraie poupée Chucky, qui a fait frissonner tant de cinéphiles, se tient face à un lycan de trois mètres de haut, cet être immortel vu dans le film Underworld. Sa tête, mi-loup mi-vampire, est équipée de moteurs, lui permettant de contrôler sa mâchoire et ses yeux. «Il y avait un acteur à l’intérieur qui marchait sur des échasses et donnait vie à cette créature maléfique», explique Virginie.

La reine Alien

Une fois croisé les terrifiants Gremlins, on tombe nez à nez avec l’une des pièces les plus spectaculaires de la collection: la reine Alien. Créée par le réalisateur James Cameron sous l’égide du studio américain ADI, cette sculpture monumentale est entièrement robotisée et commandée à distance. Il fallait huit personnes sur le tournage pour l’animer. «Elle est en cours de restauration, nous avoue Virginie. Un jeune visiteur a voulu faire un selfie en montant dessus et l’a dégradée. Cette pièce est d’ailleurs si fantastique qu’on va la mettre davantage en valeur en la plaçant à l’intérieur d’une salle de vaisseau, l’immersion sera ainsi complète.»

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