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Les élections fédérales de 2023

Elections fédérales. la formule magique de l’UDC

L’Union démocratique du centre reste le 1er parti du pays depuis 20 ans. Plusieurs facteurs expliquent ce succès.

Le conseiller fédéral UDC Albert Rösti était en visite à Swissminiatur à Melide le 1er août dernier. © Keystone

13 septembre 2023 à 19:30

«Aujourd’hui, la devise doit être Switzerland first!» Inspirés de Donald Trump, ces mots du conseiller national zurichois Thomas Matter devant l’assemblée des délégués ont lancé la campagne de l’UDC le 1er juillet dernier à Küssnacht (SZ).

Cette rhétorique apparaît comme l’un des moteurs du succès électoral du parti souverainiste, parvenu depuis vingt ans à se hisser et à se maintenir au rang de première force politique du pays, avec une très confortable avance sur ses rivaux (lire ci-après).

La stratégie Blocher

Le tournant a lieu dans les années 1990. Entre 1991 et 2007, le parti a quasiment triplé sa base électorale, passant de 11,9% à 28,9% au Conseil national.

Damir Skenderovic, professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Fribourg, pointe trois axes de changement, menés par Christoph Blocher et son cercle rapproché, qui ont conduit à un succès pérenne: l’organisation, la ligne politique et la communication.

«Formule gagnante»

D’abord, la taille. Le leader zurichois aujourd’hui âgé de 82 ans fait d’une petite formation implantée dans certains cantons un parti national, présent partout et capable de mobiliser largement.

Ensuite, l’évolution idéologique. Le tribun, explique le spécialiste des populismes de droite, est parvenu à imprimer une ligne axée sur des thèmes nouveaux. «Jusqu’au lancement de sa première initiative fédérale en 1992, l’asile ne jouait pas un rôle important dans l’agenda politique de l’UDC. Elle a repris ce thème aux partis de la droite populiste des années 1960-1970, dont James Schwarzenbach était l’un des leaders.»

«Jusqu'au lancement de sa première initiative fédérale en 1992, l'asile ne jouait pas un rôle important dans l'agenda politique de l'UDC»
Damir Skenderovic

«Depuis, elle utilise la formule gagnante du populisme de droite, qui mêle d’un côté asile, xénophobie et nationalisme et de l’autre ultralibéralisme, lutte contre l’Etat social et les dépenses publiques. Une stratégie qui lui a permis d’élargir son électorat auprès des working class mais aussi de la classe moyenne supérieure.»

«Si l’UDC parvient à rester en tête, c’est surtout parce qu’elle s’empare de thèmes importants comme la migration et les relations avec l’Europe et qu’elle formule des alternatives à tous les autres partis», estime pour sa part Michael Surber, consultant senior auprès de l’agence de communication zurichoise Kommunikationsplan.

Agence de pub

Dernier élément, un investissement massif dans la communication. «L’UDC a été le premier parti de Suisse à se doter d’un site web professionnel et à collaborer étroitement avec une agence de publicité qui a travaillé sur son langage, ses visuels. On se souvient des affiches avec les moutons en 2007, qui ont fait le tour de l’Europe», illustre Damir Skenderovic.

«L’utilisation d’un langage direct est certainement l’une des raisons du succès du parti. L’UDC met en avant son opposition à l’élite politique et académique; une position qui peut être attractive aux yeux de la population», complète Michael Surber.

«Aujourd’hui, le style de l’UDC s’est normalisé»
Damir Skenderovic

Autre – conséquente – force: ses moyens financiers, reprend Damir Skenderovic. Alors que le parti évoque quelque 4,5 millions de francs pour sa campagne au niveau national cette année – deux à trois fois plus que ses principaux rivaux –, «les analyses montrent que l’UDC dépensait déjà bien plus que les autres grands partis dès les années 1990».

Légitimé par les autres

Pour le professeur d’histoire contemporaine, le succès de l’UDC tient aussi à sa légitimation par les autres partis.

«Il n’y a pas eu vraiment de débat en Suisse sur son intégration dans les municipalités ou les gouvernements. Cette situation particulière est liée au mythe de la concordance, où il est d’usage d’intégrer les quatre grands partis au sein du Conseil fédéral afin d’éviter une obstruction permanente des décisions par la démocratie directe. Ailleurs en Europe, les partis de droite populiste ont été longtemps exclus et délégitimés, avec la mise en place de ce qu’on a appelé un cordon sanitaire.»

 

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