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Multinationales responsables

Deux machines de guerre s’affrontent

Les deux camps engagent des millions. Les initiants soutiennent la comparaison avec l’économie


13 novembre 2020 à 21:17

Temps de lecture : 1 min

Votation » 70’000 bannières orange flottent aux balcons. En plus des prospectus distribués dans les boîtes aux lettres, 850’000 Suisses ont reçu une carte postale personnalisée. 8000 bénévoles martèlent leurs arguments au téléphone. La bataille sur l’initiative pour des multinationales responsables engage des moyens inédits.

En Suisse romande, deux femmes incarnent les machines de guerre très bien organisées qui s’affrontent. Directrice romande d’Economiesuisse, qui s’oppose au texte, Cristina Gaggini reconnaît qu’elle n’a «jamais été confrontée à une alliance aussi large». Chantal Peyer sourit: «Nous pensions que nous aurions un budget assez réduit et nous avons cherché la mobilisation citoyenne. Finalement, nous avons réuni beaucoup plus de dons qu’imaginé.»

Dix ans de campagne

Pour les initiants, le travail a commencé en 2010, avec une pétition qui annonçait d’âpres débats parlementaires. Cinq ans plus tard, avec le rejet d’une motion sur le sujet, la campagne débutait. Alors que la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter manœuvrait pour faire émerger un contre-projet, six organisations versaient 50’000 francs chacune par année dans un pot commun pour financer un secrétariat et des lobbyistes.

Dans le but d’installer des comités locaux, les initiants ont mobilisé les carnets d’adresses d’une soixantaine d’ONG. Désormais, elles sont environ 130 à mener le combat aux côtés de Pain pour le prochain ou du WWF. Plus de 500 antennes régionales sont actives dans le pays. Deux comités, l’un d’entrepreneurs et l’autre de politiciens bourgeois, sont entrés dans la bataille.

650 paroisses catholiques ou réformées ont organisé des évènements pour diffuser le film de l’initiative ou pour convaincre les fidèles. Engagée dans la campagne des institutions religieuses, Katharina Boerlin dit son étonnement: «A titre personnel, je n’ai jamais vu pareil engagement de l’Eglise sur une question politique.»

Pour Cristina Gaggini, «il faut admettre que c’est une stratégie pertinente, et que les initiants font preuve de professionnalisme». Pour combattre le texte, elle peut compter sur l’UDC, le PLR et le PDC, ainsi que sur la plupart des associations faîtières économiques, des associations patronales et des chambres cantonales de commerce.

Budgets opaques

Les deux camps restent discrets sur les chiffres. Selon Bilanz, Economiesuisse engage des budgets oscillant entre 5 et 8 millions de francs pour «une grosse campagne». Cristina Gaggini réfute: «C’était vrai, mais c’est fini depuis plusieurs années. Aujourd’hui il y a trop de combats à mener pour dépenser pareilles sommes.» Le Tages-Anzeiger attribue entre 4 et 5 millions de francs aux initiants. Chantal Peyer nie aussi: «Même si notre budget a largement dépassé le million de francs que nous souhaitions réunir pour la phase finale, nous avons beaucoup moins de 5 millions.»

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