Gottéron et le «coup du milieu»

National League » En gastronomie, le «coup du milieu» désigne ce petit verre de liqueur, souvent du kirsch ou du calvados (à boire avec modération), censé faciliter la digestion et redonner de l’appétit aux convives.

Samedi à Langnau, le convive s’appelait Gottéron, et c’est peu dire que le leader de National League, son topscorer Chris DiDomenico copieusement sifflé en particulier, a été accueilli comme il se doit. Bonnes poires, les Dragons, battus 4-2 non sans avoir évolué sans gardien pendant près de deux minutes, ont permis à leur hôte de mettre fin à une série de 14 défaites.

Et si les visiteurs ont bu la tasse («On ne peut pas gagner en jouant 25 minutes», grogne Christian Dubé), ils ont surtout subi de plein fouet, au lendemain d’un match pimenté face à Genève-Servette et trois jours avant une double confrontation contre leurs dauphins zougois et champions de Suisse en titre, ce phénomène que l’on connaît aussi les longs dimanches de Bénichon. Ou quand, après la cuchaule et le jambon, le ventre fait «blurp» et la tête pense moins à la suite du repas qu’à piquer un somme.

Bref. Coincé entre deux derbies romands (avant Genève, Gottéron avait aussi battu Lausanne) et un «back-to-back» qui déterminera le vainqueur de la saison régulière, ce déplacement à l’Ilfis tombait comme un cheveu sur la soupe. «Il y a eu beaucoup d’émotions vendredi, mais je ne veux pas trouver d’excuses», lâche encore Christian Dubé, l’entraîneur et directeur sportif fribourgeois. Et d’ajouter: «Nous sommes des professionnels: à nous de trouver une manière d’être prêts chaque soir. C’est une bonne leçon.»

Les leçons sont plurielles. La première tombe sous le sens: le Dragon est moins fort sans Raphael Diaz, laissé au repos, qu’avec. L’absence du capitaine de l’équipe de Suisse, dont on connaît la qualité de la première passe, s’est fait moins ressentir en défense qu’à la construction du jeu. Combien de sorties de zone chaotiques? L’arrière-garde fribourgeoise a vécu une soirée d’autant plus difficile qu’elle a dû rapidement «tourner» à six, Philippe Furrer ayant rapidement quitté ses coéquipiers (lire ci-contre). A sa décharge, elle n’a pas été aidée, loin de là, par les attaquants, qui ont créé de nombreux revirements. Provoqué, une fois n’est pas coutume, par David Desharnais, l’un d’eux a notamment permis au frais émoulu champion olympique finlandais Harri Pesonen d’inscrire le 2-1 (36e) et de récupérer le fameux «momentum», que l’avant-dernier du classement fera encore fructifier par la suite.

Hughes à la hauteur

La leçon No 2 pourrait tenir de l’anecdote, puisqu’il ne fait aucun doute que Reto Berra, remplaçant samedi, fera son retour dès demain contre Zoug. Il n’empêche que la performance de Connor Hughes, auteur de 30 arrêts dont certains spectaculaires, n’est pas à mésestimer. Au contraire. Prêté à Genève à la fin de l’année 2021, le portier canado-suisse n’avait plus défendu la cage d’une formation de National League depuis le 18 janvier. Quant à sa dernière apparition sous les couleurs fribourgeoises, elle remontait au 4 décembre. «Connor a été excellent. Sans lui, cela aurait déjà été 6-1 après le premier tiers», lance Christian Dubé comme on tend son verre pour signifier qu’on a encore soif.