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Société

Une expo consacrée à la recherche d'ivresse

Le Musée d’histoire de Berne veut ouvrir le débat grâce à cette exposition sur la recherche de l’état d’ivresse

Tourner sur soi-même pour goûter au vertige ou pédaler pour voir les effets du LSD: l’extase se dévoile à Berne.

20 février 2023 à 15:10

Temps de lecture : 1 min

Consommation » En Alaska, donner des boissons alcoolisées à un élan est un délit. En Ecosse, il est interdit de conduire une vache sous l’emprise de l’alcool. Pire, la punition pour un jeune de moins de 21 ans chopé en Arkansas en train de picoler peut se traduire par l’écriture d’une rédaction sur le sujet. Accrochés à la fin de l’exposition Rausch-Extase-Rush au Musée d’histoire de Berne, ces écriteaux rappellent que partout la législation doit cadrer l’être humain et sa propension à chercher le vertige ou l’ivresse par diverses substances. Mais le sujet n’est pas si facile à cerner. La définition de cette modification de conscience que le mot allemand Rausch traduit mieux que le français varie si l’on évolue dans le domaine médical, juridique, psychologique ou éthique.

Cette excellente exposition est une initiative de l’agence Expo Forum. La réalisation s’est faite en collaboration avec le Musée d’histoire de Berne, le Fonds de prévention du tabagisme (le partenaire le plus important), l’Office fédéral de la santé publique et la plateforme nationale de promotion des compétences numériques Jeunes et médias. Itinérante, elle devrait passer par la Suisse romande après une halte bâloise. Son but: devenir une plate-forme pour lancer des discussions sur cette histoire qui semble avoir commencé au néolithique déjà. Elle utilise des moyens traditionnels (comme des écrans tactiles ou des panneaux informatifs) mais permet aussi de tester (légalement!) les effets du LSD en pédalant devant un écran imitant les conséquences de la substance découverte en Suisse.

Le carrousel, déjà

7,6

litres d’alcool pur consommés en 2021 par habitant

Il n’y a pas que l’homme qui aime s’en jeter une dernière la cravate. Le jaseur boréal consomme volontiers des baies fermentées qui lui mettent la tête à l’envers. Surtout les jeunes oiseaux. Voler et se pinter ne faisant pas bon ménage, ils se crashent donc, comme le montre un édifiant film sur le rapport des animaux à l’état d’ivresse diffusé dans l’institution bernoise.

Les petits humains aussi essaient de trouver cet état de vertige. Un exercice pratique invitera le visiteur à tourbillonner sur lui-même cinq fois pour retrouver ces sensations d’enfance et notamment ces instants où un carrousel incontrôlable s’emballait sur une place de jeu (attention au risque de souffrir un brin de nausée). Avec l’âge, les choses ne s’améliorent guère et les adultes débordent d’imagination pour trouver les moyens de changer la perception de la réalité.

Cuite antique

Cette envie d’ivresse semble planétaire, traverse les époques et s’accompagne d’un artisanat délicat. Dans des vitrines, on admire de splendides objets servant à fumer, comme cette boîte à priser du XIXe siècle. Ce sera aussi l’occasion d’apprendre quelques anecdotes: depuis 1694, une tabatière parlementaire remplie est ainsi à disposition des députés à la Chambre des communes britanniques. Cet étonnant gobelet du VIe siècle argovien est quant à lui impossible à poser tant qu’il est plein (une claire incitation à vider son godet), tandis que cette amphore grecque du VIe siècle avant J.-C. montre un homme ivre vomissant toutes ses tripes… Rien de nouveau sous le soleil, donc. Mais ce désir d’ivresse aurait-il modifié jusqu’à notre manière de vivre? Pour produire de l’alcool, il a fallu notamment cultiver des céréales, donc s’installer de manière permanente et abandonner le nomadisme. Cette recherche d’ivresse a-t-elle contribué à la sédentarisation des peuples?

2 cantons

n’ont aucune politique sur l’âge légal pour acheter du tabac

Les amateurs de sciences trouveront dans l’exposition des réponses à leurs questions. Les origines de l’ivresse et les substances qui la provoquent, produites par notre corps lui-même ou venant de l’extérieur, y sont décortiquées. On pense à la cocaïne, aux benzo, mais on n’oubliera pas que l’euphorie peut se gagner par l’effort d’une pratique sportive.

Certains moyens d’atteindre l’enivrement sont même baignés de traditions et de culture, par exemple le vin. En 2021, la consommation moyenne de diverses boissons alcoolisées par habitant en Suisse correspondait à 7,6 litres d’alcool pur. Le tabac qui était diabolisé quand il a été découvert par les Européens a finalement gagné en popularité. Compagnon des soldats pendant la Première Guerre mondiale, il a fini d’être rendu cool par les acteurs. Maintenant, il se décline aussi en version électronique.

Nous et la Biélorussie

On sera peut-être étonné d’apprendre qu’en Suisse la politique en matière de tabac n’est d’ailleurs pas nationale: dans 15 cantons, le tabac est vendu aux jeunes dès 18 ans, dans 9 cantons dès 16 ans et deux cantons n’ont aucune réglementation sur le sujet. Encore plus fort, nous sommes le seul pays européen – avec la Biélorussie toutefois – à autoriser le sponsoring de festivals par l’industrie du tabac.

De manière générale, l’omniprésence des substances enivrantes et de leur publicité dans notre quotidien sautera soudain aux yeux. Les placements de produits dans les films et les clips des célébrités sont légion. Comme sur leurs réseaux. Sur les plus de 27’000 publications Instagram de Snoop Dogg, 9% montrent de la marijuana et 3% de l’alcool. Parmi les 100 dernières publications de Kourtney Kardashian sur les réseaux, 6% contenaient de l’alcool…

» Jusqu’au 13 août au Musée d’histoire de Berne.


Trois questions à

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