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Société

Un bâti par et pour les hommes

Les architectes ont longtemps été uniquement des hommes. Cela se ressent dans les constructions dans lesquelles nous évoluons


Jérémy Rico

Jérémy Rico

10 novembre 2021 à 18:26

Temps de lecture : 1 min

Féminisme » Comme la médecine, le droit, la politique, l’architecture a longtemps été une profession de prestige et de pouvoir réservée exclusivement aux hommes. Au-delà de Zaha Hadid, qui saurait nommer une architecte célèbre? Si le métier s’est profondément féminisé au cours des dernières décennies – sur les bancs de l’EPFL par exemple, la parité est devenue la règle – les normes qui régissent cette discipline n’ont guère changé depuis plus d’un siècle. Le bâti a été pensé par des hommes – blancs et hétérosexuels – pour des hommes. Dans son travail de master, Claire Logoz, qui a fondé le bureau detritus, questionne ce modèle et tente de le rendre plus inclusif.

Qu’est-ce que ça veut dire, une architecture hétéronormée?

Claire Logoz: L’hétéronormativité, c’est l’ensemble des normes qui ont trait à l’hétérosexualité. Par extension, cela englobe également une vision traditionnelle des genres. Généralement, quand on parle d’un objet hétéronormé, on entend par là qu’il a été conçu pour un usager hétérosexuel, mais également mâle. De tels objets sont considérés comme ayant un effet formateur sur l’ensemble des usagers potentiels en participant à la construction de leur identité. L’architecture hétéronormée, c’est le bâti qui a été pensé pour cette référence. Sachant que les architectes ont longtemps été uniquement des hommes hétérosexuels blancs, presque toute l’architecture occidentale a été pensée par eux et pour eux et est hétéronormée.

Pourtant, même dans les constructions les plus traditionnelles, certaines pièces sont conçues pour les femmes… Prenez les cuisines…

Il est vrai que l’architecture dédie depuis l’époque victorienne des espaces spécifiques aux femmes. En même temps qu’on développe une théorie de différenciation sexuelle dans l’espace – avec la sphère domestique réservée aux femmes et l’espace public destiné aux hommes –, on crée des pièces spécifiques, comme le boudoir, qui est le pendant féminin du bureau/bibliothèque réservé au «maître de famille». La cuisine elle aussi est un espace considéré comme féminin, mais remarquez que ses dimensions ont été pensées par des hommes. Les placards sont généralement trop hauts pour un corps de femme.

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