12 septembre 2022 à 18:52
Sur les voies de Cendrars (qui ne l’a probablement jamais emprunté), j’avais pris le Transsibérien. C’était il y a 10 ans, j’avais sur le dos un sac d’idéaux, de livres et de soupes déshydratées. Moscou-Pékin en passant par le lac Baïkal et le désert de Gobi, une semaine de lente ivresse scandée par le déferlement rythmique des bouleaux et fuseaux, la glaciale irruption des douaniers, la sollicitude rêche de la «provodnitsa» et les ravitaillements au samovar à charbon. Le train de nuit, vaisseau d’une épopée.
Alors quand l’Europe a enfin rouvert ses rails aux voyageurs du sommeil, nous n’avons pas hésité. Il faut dire que le site web du Nightjet, avec ses visages délicatement endormis, vend autant de rêve qu’un fabricant de matelas. Zurich-Amsterdam retour, billets réservés en février, cabine familiale trois lits avec lavabo. «Prête-moi ton grand bruit, ta grande allure si douce, Ton glissement nocturne à travers l’Europe illuminée», écrivait Valery Larbaud, et nous n’attendions que l’été pour montrer à notre fille, 4 ans, ce que voyager voulait dire au temps du réchauffement. Aventure ou mésaventures?
«Papa, des éoliennes!», et on se réveille dans l’horizon plat... Mais a-t-on seulement dormi?
En voiture s’il vous plaît, après une journée au Zoo de Zurich et une soirée à veiller, qui en buvant des bières, qui en faisant des coloriages. Nous voici sur le quai à l’heure du couchant et du coucher, devant ces beaux véhicules bleu nuit affrétés par les chemins de fer autrichiens. «La cabine est intime» écrivait Cendrars en son transatlantique, manière de dire petit, mais chacun trouve sa place et peut accéder au lavabo pour se brosser les dents.
Il fait chaud non? Ah, un steward arrive, l’air contrit. La climatisation ne marche pas. Du tout? Du tout. Mais il offre trois petites bouteilles de Prosecco pour l’hydratation, avant d’avertir encore: ces toilettes sont hors d’usage, et d’ailleurs celles-ci aussi. S’il nous venait l’envie? Dans l’autre wagon, tout au fond, il reste un cabinet miraculé, point encore maculé, cela fera l’affaire.
Le train s’ébranle dans une chaleur d’étuve, et je retrouve ce bonheur ancien d’ouvrir la fenêtre pour avaler le paysage du soir, fouetté par l’odeur du métal et le souvenir du charbon. Ça secoue, on s’y fait, une histoire et au dodo.
Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus
Dans l’univers dynamique de l’édition, les systèmes éditoriaux se distinguent en facilitant la collaboration, en optimisant la production grâce à l’automatisation, et en assurant une diffusion personnalisée et sécurisée. Ces outils, en constante évolution, s’imposent comme des partenaires essentiels pour répondre aux défis toujours plus diversifiés du secteur de l’information contemporain.
