Les décorations de Noël de l’Erzgebirge exposées au château de Gruyères

Exposition » S’il ne fallait retenir qu’une seule chose de la nouvelle exposition temporaire du château de Gruyères, c’est que le casse-noisettes anthropomorphe tel qu’on le connaît aujourd’hui vient d’Allemagne. Plus précisément, il est originaire de l’Erzgebirge situé au sud-est du pays, à la frontière avec la République tchèque. Ce n’est toutefois qu’une des merveilles fabriquées dans ce coin de l’Europe. La région est de manière générale une mine de traditions et de décorations de Noël qui représentent son principal moteur économique et touristique. Mais il n’en a pas toujours été ainsi…

Commençons cette histoire comme les meilleurs contes en évoquant le temps jadis. Il y a fort longtemps, dans la contrée pas si lointaine de l’Erzgebirge, étaient donc exploitées des mines. Depuis le Moyen Age, on en extrayait des métaux – elles ont été en activité pendant 800 ans au total. Au milieu du XVIIe siècle, les mineurs et leurs familles ont commencé à travailler le bois pour créer de petits objets décoratifs, développant un artisanat très typique afin d’arrondir leurs fins de mois. Quand deux siècles plus tard l’exploitation des mines a cessé, les habitants se sont principalement consacrés à la fabrication des décorations de Noël et des jouets pour enfants. «Actuellement, la région compte encore de nombreux artisans mais depuis le début du XXe siècle ils sont davantage organisés en entreprises», explique Damien Spozio, le commissaire de l’exposition.

«La paix de Noël peut être rompue si le père n’a pas bien travaillé» 
Damien Spozio

Les pièces présentées à Gruyères ont été prêtées par cinq collectionneurs alémaniques. Un peu moins de 800 objets datant majoritairement de l’époque de l’Allemagne de l’Est (1949-1990) y sont montrés, à côté de quelques pièces contemporaines et d’autres trésors du XIXe siècle.

Pyramide de Noël

L’exposition commence par un solide éclairage, au sens propre du terme. Les mineurs qui avaient évidemment besoin de lumière pour travailler dans les boyaux souterrains se sont fabriqué des bougeoirs en bois qu’ils ramenaient à la maison à Noël. Ils choisissaient de leur donner la forme soit d’un ange, une entité protectrice bien utile dans leur dangereux environnement professionnel, soit d’un mineur figurant un père, un mari, un fils. Désormais, ils sont vendus par paires, associant une gueule noire et un chérubin. Des traditions leur sont liées: des familles plaçaient par exemple sur le rebord de leur fenêtre autant de personnages qu’ils avaient d’enfants, un ange pour chaque fille et un travailleur pour chaque garçon.