Exposition » Il y a la sobriété suisse, faite de boules en carton et de petites églises blanches. En face, l’explosion de bannières étoilées, de décorations brillantes et même d’un petit colt montre une Amérique flamboyante. Cette différence ne doit pas qu’aux clichés sur nos caractères. Ces sapins de Noël historiques datent de la Deuxième Guerre mondiale. Notre pays, bien que neutre, se trouvait géographiquement au cœur de l’Europe déchirée par le conflit. Le verre, comme bien d’autres matériaux, était réservé à l’armée. Beaucoup de foyers fabriquaient eux-mêmes leurs ornements. Tandis qu’outre-Atlantique, malgré l’entrée en guerre des USA, le pays ne connaissait pas de pénuries. Et le pistolet accroché aux branches de ce sapin d’époque, réalisé en plumes d’oie, ne sera pas – et de loin – l’objet le plus insolite observé lors de la visite de Noël pour la patrie, l’exposition du château de Gruyères réunissant des objets de la fin du XIXe siècle à 1945, sous cinq thèmes.
En Allemagne, ce sont des boules marquées de croix gammées qui ornent le Tannenbaum. «Dès que le parti national-socialiste est arrivé au pouvoir, son programme de propagande a tenté de retirer toutes les références religieuses. Mais Noël est la fête des Allemands. Il a donc cherché des origines germaniques à la fête. Il a mis en avant le solstice d’hiver et les motifs runiques», expliquait lors de la visite à la presse Marie Rochel, commissaire de l’exposition. Le soleil, l’arbre de vie et la fontaine remplacent alors les anges.