Logo

Société

Le passé oublié des genres fluides

Le Français Clovis Maillet parlera ce jeudi à Lausanne de l’histoire des transidentités

Jeanne d’Arc (ici dans le film Jeanne d’Arc de Luc Besson, 1999) a été jugée pour être une hérétique habillée en homme.

29 mars 2022 à 22:33

Temps de lecture : 1 min

Conférence » «J’espère nous inviter à regarder les choses avec un peu de recul et se dire que certaines conceptions que nous avons sur le sexe et le genre ont pu varier à travers les époques et donc que nous sommes capables de les faire changer aujourd’hui», dit Clovis Maillet pour expliquer son travail. L’historien et performeur français, qui a notamment publié Les Genres fluides, de Jeanne d’Arc aux saintes trans , sera ce jeudi à Lausanne pour donner une conférence sur l’histoire des transidentités, dans le cadre du Festival Histoire et Cité.

Peut-on transposer la notion de fluidité de genre au Moyen Age?

Clovis Maillet: Non et c’est toujours la première question qui se pose: quel vocabulaire employer pour parler des phénomènes. C’est aussi le sens de la conférence que je vais donner, qui est d’essayer de réfléchir à la manière dont on écrit l’histoire, dont on choisit les mots, en pensant aux conséquences qu’ils auront. Ma solution a été d’employer des mots qui résonnent avec des enjeux actuels et qui essaient d’accompagner un mouvement d’émancipation en lutte en ce moment. Ils correspondent aux demandes de groupes militants qui essaient de défendre l’égalité des droits entre les personnes transgenres et cisgenres (personne dont l’identité de genre correspond à son sexe légal attribué à la naissance, ndlr). Mais je reviens toujours aux sources et je cite les textes et les documents sur lesquels je m’appuie dans leur langue originale pour que tout le monde puisse y retourner.

On ne peut pas penser qu’être une personne transgenre aujourd’hui est la même chose qu’au Moyen Age, mais on ne peut pas non plus penser qu’être une femme aujourd’hui est la même chose qu’au Moyen Age. Il y a dans tous les cas des risques d’anachronisme.

Le genre était-il aussi important à l’époque que de nos jours?

Beaucoup d’historiens défendent que les catégories de genre sont plus déterminantes aujourd’hui. La mention de sexe est la seule que nous avons sur nos papiers d’identité, avec notre nom, alors qu’il n’y a pas de mention d’origine ethnique, de classe sociale, de revenus… Au Moyen Age, il fallait d’abord afficher son statut social: était-on un aristocrate ou un paysan, était-on libre ou non, était-on un clerc ou un laïc. Le genre venait dans un second temps.

Vous puisez dans des sources historiques, hagiographiques et fictionnelles pour étayer votre propos.

Nous sommes au début de ce travail. Je collabore avec des collègues de plusieurs pays pour construire l’histoire des transidentités. Il se trouve que les documents hagiographiques sont les plus connus parce que nous avons à peu près 35 dossiers, 35 vies de personnes ayant eu une transition de genre. Ils représentent une énorme documentation, très bien diffusée, qui parle de personnes auxquelles un culte était rendu. Ces dossiers nous permettent d’aborder les questions trans avec une dimension très positive, à rebours de la manière dont on a fait l’histoire des trans au XXe siècle, qui a décrit des situations difficiles, des personnes marginalisées.

Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus

Dans la même rubrique

Société

Edition 5.0. Innovation éditoriale: les systèmes transforment le paysage de l’information moderne

Dans l’univers dynamique de l’édition, les systèmes éditoriaux se distinguent en facilitant la collaboration, en optimisant la production grâce à l’automatisation, et en assurant une diffusion personnalisée et sécurisée. Ces outils, en constante évolution, s’imposent comme des partenaires essentiels pour répondre aux défis toujours plus diversifiés du secteur de l’information contemporain.