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Société

Crinières grises dans l’objectif

Avec l’exposition Silver Power, Ghislaine Heger souhaite engager le dialogue sur les cheveux gris

GHISLAINE HEGER/Ghislaine Heger

11 septembre 2023 à 18:35

Temps de lecture : 1 min

Société » Ghislaine Heger aimerait que cela cesse d’être un sujet – les cheveux gris, ou blancs d’ailleurs, chez les femmes. D’ici à ce que cela arrive, elle dresse le portrait de femmes fières de leur chevelure argentée dans une exposition itinérante d’envergure. «C’est contradictoire, mais il faut d’abord thématiser pour que ça ne soit plus un sujet.»

La photographe a sillonné tous les cantons romands à la recherche de modèles au profil varié. «J’en ai traqué certaines grâce aux médias, mais je suis aussi allée dans plusieurs villes et villages pour trouver des femmes de parcours et d’âges différents.» Une conseillère fédérale, une bioéthicienne membre de la task force Covid, deux conseillères d’Etat et bien d’autres… Il en est ressorti 101 portraits dont 18 photographies de Fribourgeoises visibles dès à présent à l’Ancienne Gare de Fribourg. Parmi elles, la préfète de la Sarine Lise-Marie Graden, l’enseignante retraitée et psychanalyste Violaine Clément et la juriste ancienne musicienne Lorraine Ducommun témoignent ci-dessous.

Injonctions

«C’est parti d’une réflexion personnelle, à la fois intime et qui nous concerne toutes à un moment donné», présente la quadragénaire qui compte quelques cheveux gris depuis peu. «L’idée était de m’interroger sur comment j’allais vivre ces cheveux blancs.» La Lausannoise explique avoir grandi sous le joug d’injonctions fortes: «Ma mère, par exemple, ne passera jamais le cap.»

Perçue comme superficielle ou non, cette réflexion teintée d’âgisme et de sexisme ordinaire intéresse tout un chacun, observe-t-elle: «Tout le monde a une opinion et c’est hyperclivant!» Preuve en est le florilège de commentaires reçus par l’une des modèles, parmi lesquels «Une femme ne peut pas faire ça, pas à votre âge! Ça fait négligé! Plus aucun homme ne vous regardera!» «Je vous admire, bravo, je n’oserais jamais!» ou encore «Ne t’avise pas d’essayer de convaincre ma copine! Mais qu’est-ce qui t’a pris?»

«Le nombre d’entre elles qui m’ont dit qu’elles se faisaient interpeller dans la rue pour une remarque, même positive! Mais c’est hallucinant.» Hallucinant double standard puisque la photographe constate que les hommes aux cheveux gris sont beaucoup plus épargnés par le regard que pose la société sur leur couleur de cheveux. D’un point de vue sociologique, avoir les cheveux blancs signifie autre chose pour une femme: «Qu’elle n’est plus reproductive, plus désirable sur le marché. Ce n’est pas le cas pour les hommes.»

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