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Société

Colorée, poétique et engagée

Graphiste et illustratrice indépendante, la Fribourgeoise Madame Marilou s’emploie à casser les codes

Mariliana Briner, alias Marilou Briner, alias Madame Marilou.

25 février 2023 à 11:44

Portrait » De la couleur, des fleurs, encore de la couleur, des formes géométriques, toujours de la couleur, et ce sentiment réconfortant qu’un dessin peut vous rendre moins borné. Ou plus curieux, pour s’employer à prendre, comme elle, le côté positif des choses. Le style de Madame Marilou est reconnaissable entre mille. Il fait chaud au cœur comme un bonbon mais invite aussi à la réflexion. A l’introspection, même.

Graphiste et illustratrice née il y a bientôt 32 ans à Prez-vers-Noréaz, Mariliana Briner – «mon vrai nom, mais tout le monde m’a toujours appelée Marilou», précise-t-elle – est une mère non conventionnelle et une artiste engagée. A moins que ce ne soit le contraire. Au final, peu importe le qualificatif: pourvu qu’elle se sente «elle» et que nous nous sentions «nous».

L’invitation de l’UEFA

Issue de l’Ecole romande d’arts et communication (Eracom), la Fribourgeoise a travaillé pendant six ans dans une agence de «com’» avant de s’installer à son compte en 2019. Les fresques chamarrées de MEMO, la bibliothèque/ludothèque de la ville de Fribourg, c’est elle. Les dernières affiches de Morat-Fribourg, c’est elle aussi. Il y a deux ans, preuve que sa notoriété dépasse les frontières du canton, Madame Marilou avait été choisie pour créer le visuel de l’équipe de suisse féminine de football en marge du championnat d’Europe 2022, exposition au siège de l’UEFA à Nyon et invitation à la finale au stade de Wembley à Londres à la clé. En représentant deux joueuses qui émergent d’un côté et de l’autre du drapeau, elle avait voulu «montrer toute la puissance et le dynamisme des femmes qui transgressent les frontières et prennent leur place dans un milieu masculin», expliquait-elle alors.

«Il s’agissait de montrer toute la puissance et le dynamisme des femmes qui prennent leur place dans un milieu masculin.»
Madame Marilou

«On m’avait contactée via Instagram mais j’avais d’abord cru à un canular et j’avais refusé. Moi, du foot? Mais je n’y connais rien, au foot! Heureusement, l’UEFA est revenue à la charge, mais par e-mail et de manière beaucoup plus formelle», rigole celle qui a récemment reçu de l’Etat de Vaud le mandat d’imaginer des capsules vidéo pour la prévention contre la pornographie dans les écoles. «L’intimité, la sexualité, la pédagogie… En tant que maman d’un enfant de 8 ans, ce sont des thèmes qui me parlent.»

Education non genrée

L’inclusivité en est un autre. «Dans un monde où chacun doit entrer dans une case, je pense que nous avons tous des incohérences en nous et que ce sont ces mêmes incohérences qui font notre particularité. Notre beauté. Il faut bousculer les codes établis. Pourquoi une maman féministe ne pourrait-elle pas écouter du gros rap? Vald, par exemple, j’adore!» Féministe, oui, militante avec des avis très tranchés aussi. Mais pas tout le temps. «A travers mon art, je préfère proposer des images douces et suggestives. Sans imposer. Il faut que cela reste léger et joyeux, sinon j’aurais l’impression de tomber dans quelque chose de trop prétentieux, lourd et élitiste.»

«Ce sont nos incohérences qui font notre particularité. Notre beauté. Il faut bousculer les codes établis.»
Madame Marilou 

Fidèle à ses convictions, Marilou Briner a choisi d’offrir une éducation non genrée à son fils, quitte à nager à contre-courant. «OK, il aime les pirates. Mais peut-être que je vais lui montrer les bijoux que portent les pirates. Il aime le rock? Mais sait-il que les patineurs artistiques aiment aussi le rock?» illustre-t-elle par la voix. Et d’ajouter: «Tout n’est pas bleu ou rose. Je trouve que notre quotidien manque cruellement de diversité et j’estime que c’est mon rôle, j’en ai presque fait une obsession, de veiller à ce que mon fils garde cette ouverture d’esprit. D’ailleurs, cela porte ses fruits car, à ses amis, il demande toujours s’ils ont une amoureuse ou un amoureux…» Sourire malicieux.

Du recul

Le «ou» est indispensable à la réflexion de Marilou Briner, qui s’est elle-même construite puis déconstruite avant d’opter pour le lâcher-prise. «A 16 ans, j’adorais les garçons très féminins, après quoi je dois dire que mon identité sexuelle s’est un peu baladée. Aujourd’hui encore, ce n’est pas beaucoup plus clair, mais c’est plus facile à assumer», explique-t-elle, comme amusée par sa propre histoire.

«C’est d’autant plus enrichissant de découvrir qu’on peut se surprendre soi-même à créer de nouveaux schémas relationnels.»
Madame Marilou

Tout le monde n’a pas autant de recul sur soi-même. Quitte à se faire juger, Marilou Briner a pris le risque de quitter une vie «rangée» pour mieux se retrouver. «Je ne suis plus avec le père de mon fils mais cela n’a rien changé à notre bonne entente. Nous sommes toujours une famille, nous partons en vacances ensemble. C’est d’autant plus enrichissant de découvrir qu’on peut se surprendre soi-même à créer de nouveaux schémas relationnels.

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