Logo

Régions

Indispensable ou pas durable? Tensions autour de l’abattoir Micarna à Saint-Aubin

Deux camps s’affrontent sur l’abattage de volailles à Saint-Aubin alors que la vente du terrain est en voie de finalisation

Le canton de Fribourg comptait 1,7 million de poulets de chair en 2022. © Vincent Murith-archives

29 août 2023 à 23:15

Temps de lecture : 1 min

Saint-Aubin » Le projet d’abattoir de volailles de Micarna (Migros) sur le site d’Agrico à Saint-Aubin fait actuellement face à une vague de critiques. Ses opposants agissent dans l’urgence alors que le contrat de vente du terrain entre le canton de Fribourg et Micarna est en passe d’être signé. Si ces partenaires défendent le maintien d’une filière et de ses emplois dans un canton où le secteur agroalimentaire est l’une des pierres angulaires de son économie, leurs adversaires adressent la question sous l’angle plus général de l’éthique.

Durabilité critiquée

Trente millions de volailles abattues chaque année sur un campus promu par le canton comme un site agroalimentaire pionnier en termes de durabilité: un paradoxe selon Greenpeace, les Verts du district de la Broye et l’association Eco Transition la Broye. Leurs critiques? «Ce genre d’industrie intensive est néfaste pour l’écologie. Les poulets sont élevés avec des aliments majoritairement importés. Nous souhaitons que Migros soutienne une alimentation plus écoresponsable», indique Vincent Beuret, habitant de Saint-Aubin et membre du comité des Verts de la Broye. Une section qui a récemment diffusé un communiqué pour dénoncer le projet. Même son de cloches du côté de Greenpeace qui a déposé la semaine dernière une pétition de 18'000 signatures au siège de Migros demandant l’abandon de l’abattoir et moins de produits d’origine animale. Une pétition faisant écho à celle forte de 3600 signatures déposée par l’association broyarde à la chancellerie du canton fin 2022.

«Nous souhaitons que Migros soutienne une alimentation plus écoresponsable»
Vincent Beuret

Pourtant, un tel abattoir existe déjà à Courtepin, l’un des plus grands en Suisse. Il traite actuellement la même quantité de volailles que celle prévue à Saint-Aubin, une activité employant 500 personnes. C’est en raison de la vétusté de ses installations que l’atelier de transformation est contraint de trouver un nouveau terrain où déménager. Ainsi, en 2019, Migros fait part au canton de son intérêt pour l’acquisition d’une parcelle à Saint-Aubin. Fin 2020, le Grand Conseil valide à une quasi-unanimité le décret autorisant la vente d’une parcelle de 9,5 hectares pour 21 millions de francs. Le plan d’affectation cantonal entre en force en septembre 2022, levant toutes les oppositions. Selon la Direction de l’économie, de l’emploi et de la formation professionnelle (DEEF), par l’intermédiaire de son chargé de communication Pierre Vaudan, le contrat de vente est en cours d’examen.

30 millions 

Le nombre de volailles qui seront abattues chaque année à Saint-Aubin

Notons que certains députés avaient déjà fait part de leurs réticences lors de l’octroi du terrain à Micarna par le parlement soulignant le manque de durabilité du projet. Des réticences aussi présentes chez des opposants au plan d’affectation cantonal, tels que l’Association transports et environnement et la commune de Belmont-Broye, inquiètes quant à la surcharge de trafic sur un site mal desservis par les transports publics.

Pas d’alternatives

Tristan Cerf, porte-parole de Migros, estime que ces critiques ne tiennent pas compte de la réalité du terrain et ne proposent pas d’alternative réaliste. «Pour certaines de ces associations, l’objectif principal est la réduction de la consommation de viande. La mission de Micarna est de répondre à la demande nationale en poulet suisse et d’anticiper l’évolutions du marché. Or celle-ci est en augmentation et la production indigène ne parvient pas à y répondre. Il est donc nécessaire d’investir dans une installation moderne et durable.» Il souligne encore que «si nous avions pu moderniser les infrastructures existantes nous l’aurions bien entendu fait, cela aurait été plus simple. Les capacités de production et les emplois resteront les mêmes à Saint-Aubin mais peuvent être amenés à évoluer.» Pour le porte-parole, le nouvel abattoir permettra de bénéficier «d’une installation répondant aux normes les plus avant-gardistes en matière de durabilité et de traitement des animaux. Rester dans la même région offre également la possibilité de travailler en circuit court, d’encourager l’économie circulaire et de conserver les emplois dans le canton de Fribourg.»

Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus